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  • LA REPUBLIQUE EST EN DANGER

    La République est en danger. Je le pense depuis quelques temps. C'est mal porté de le dire : on passe pour excessif. C'est pourtant vrai, avec la stupéfiante ascension électorale du Front national et la résistance insuffisante qu'elle suscite. L'idée s'est progressivement installée que le FN était un parti comme un autre, régulier donc républicain. C'est faux : s'il respecte la légalité du régime, s'il participe aux élections, ça n'en fait pas pour autant une formation républicaine. Son projet, ses valeurs, son histoire sont contraires aux projet, aux valeurs et à l'histoire de la République : voilà la vérité.

    C'est à peu près ce que dit, hier dans un remarquable entretien au Journal du Dimanche, Daniel Keller, grand maître du Grand Orient de France. Oui, "la République est en danger", et nous laissons faire, ou bien nous entrons dans les provocations de l'extrême droite (voir mes précédents billets de jeudi et vendredi). On n'ose plus appeler un chat un chat, et un facho un facho. On dédiabolise le FN et on déculpabilise son électorat, qu'on rend donc irresponsable de son vote. Résultat : "on est en train de dérouler le tapis rouge au Front national", s'inquiète très justement le responsable de la principale obédience maçonnique de notre pays.

    C'est qu'on croit, naïvement et sans aucune mémoire historique, que la République est solidement installée, depuis longtemps, sur ses pieds, que rien ne pourrait la renverser. Keller nous rappelle que "la République reste un combat", pas un acquis définitif. C'est pourquoi il est indispensable que la gauche et l'ensemble des républicains, quelle que soit leur sensibilité, se mobilisent à chaque fois que le Front national se mobilise. Lorsque les Le Pen se déplaceront pour leurs campagnes éléctorales , à travers nos communes  dans les prochaines semaines, il serait souhaitable  que les partis de gauche, que les formations républicaines cette fois se rassemblent, protestent, combattent pour les valeurs de la République. Car à force d'être discrets, nous allons finir par mourir.

    Dénonçons le mensonge. L'électorat du FN n'est pas populaire ni ouvrier, mais provient majoritairement des classes moyennes. Cet électorat n'est ni victime de la crise, ni confronté à l'immigration, ni menacé par l'insécurité. Il suffit de consulter les statistiques électorales, par catégories sociales et par implantation géographique, pour s'en convaincre facilement. Mais les images sont plus éloquentes que les chiffres : quand les  Le Pen sont en campagne elecrorale  , vont elles faire  une sortie d'usine ? Vont elles visiter un quartier populaire ? Vont elles s'entretenir  avec  des chômeurs ? Non, elles parcourent les rues tranquilles d'un centre ville et discutent avec des commerçants. Tout est dit.

    Daniel Keller fait une proposition que je n'irais pas jusqu' à défendre maintenant  , et , que certains militants de gauche aussi refusent : poser dès maintenant le principe républicain d'un désistement au second tour, en cas de triangulaire, pour empêcher le Front national d'accéder à la présidence d'une région, ce que le maçon ramasse en ces termes : "accepter de sacrifier ses propres couleurs pour l'intérêt général". Que nos responsables politiques puissent être sensibles à la sagesse maçonnique ! Ils y perdront des places mais ils sauveront des régions, qu'ils garderont dans la République. Se mobiliser quand l'occasion se présente, se désister quand c'est nécessaire : il n'y a plus à hésiter quand la République est en danger.