L’engagement politique constitue à mes yeux une somme d’exigences qui en fait une précieuse aventure collective, comme un parcours rigoureux dont la récompense est d’être chaque jour plus éclairés ensemble, chaque instant plus aptes à améliorer le quotidien de l’humanité et le sort de la planète.
Dans la construction de modes de pensée et d’action communs, ou plus largement dans l’édification d’une culture commune, il m’est toujours apparu essentiel de me fondre au sens de fusionner dans le groupe et de porter beaucoup d’attention aux autres.
D’abord parce qu’on a rarement raison tout seul et qu’on s’apprend mutuellement de nos différents chemins de vie, parce qu’on avance plus vite à plusieurs et qu’on va beaucoup plus loin ensemble. Et puis l’engagement individualiste, carriériste ou en solitaire, ça tient de l’oxymore, ne trouvez-vous pas ?
Dans les différents aspects du militantisme, j’ai constaté avec l’expérience qu’être à l’écoute de mes pairs et me mettre à leur service pouvait leur apporter un petit quelque chose, parfois autant que ça me permettait d’évoluer, de me confronter à mes doutes et aux leurs, de construire aussi nos/mes certitudes. De quoi être en phase avec les principes d’éducation populaire de mon enfance en bâtissant un rapport apprenant-apprenant.
Il m’est arrivé de quitter une organisation sur des désaccords touchant au fond et à la forme. Il m’est arrivé de partir triste et épuisé, c’est un fait, non sans avoir tenté de changer les choses, jamais en ayant fui le débat. J’ai pris du recul après, je me suis remis en cause et j’ai retenté l’expérience. Jamais je n’ai cédé aux promesses d’herbe plus verte ailleurs ou aux sirènes d’un hypothétique strapontin.
J’ai mis du temps pour atteindre un cap, il y aura deux ans en juillet, ma maison politique, ma famille de valeurs et de destin. Je ne suis d’aucun sérail, ni issu d’obscures cooptations. Je suis un militant, un militant exigeant même me semble-t-il. Je suis toujours prêt à saisir indifféremment le paquet de tracts ou le pot de colle ou le stylo ou le micro, toujours aussi déterminé à essayer d’approcher l’exemplarité.
Certains m’ont questionné sur mes nombreux déplacements à la rencontre des membres de Génération•s, ces jours investis sur du temps et des moyens personnels un peu chronophage par nécessité, mais passionnant effectué à Antibes avec les partenaires citoyens, associatifs, syndicaux et politiques.
A défaut d’être parmi les meilleur•e•s d’entre-nous, et nous comptons beaucoup de pointures à Génération•s, j’essaie de compenser par l’écoute, la disponibilité et la charge de travail accomplie. Quel est le dessein derrière cela ? J’identifie quelques moteurs … Le besoin d’être utile, d’être un modeste acteur de l’aventure partagée et parfois facilitateur du militantisme des néophytes qui entament un bout de chemin avec nous.
Parfois dans la tempête, parfois dans l’oeil du cyclone, notre mouvement est souvent chahuté : il l’est un peu énergiquement en ce moment, tenons bon. Certains, certaines nous quittent et nous quitteront. Ça peut m’attrister sans m’abattre, sans me décevoir ou me rendre amer. Des défections, ok. Pour combien de camarades qui nous rejoindront ? Et puis il y a celles et ceux qui reviendront.
Michel Pouzol a employé la belle métaphore d’être de ceux qui resteront et qui éteindront la lumière. L’heure n’est pas à l’extinction des feux, mais je me plais à croire que je serais de ceux-là, si la funeste éventualité se produisait. Et pour chasser cette insupportable conclusion du champ des possibles, redoublons dès aujourd’hui d’efforts, faisons corps ensemble. L’histoire que nous construisons dispose encore de trop de pages blanches pour s’arrêter en si bon chemin. L’espoir revient, c’est nous : nous qui refusons et refuserons longtemps d’éteindre la lumière.