Pénurie d’eau : un des problèmes du 21e siècle !
Par : Ismael Clark Arxer | Source : CUBARTE
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À travers ce document, les signataires refusent toute sorte de privatisation de l´eau et déclarent que la gestion et le contrôle sur l´eau doivent être du domaine public, coopératifs, participatifs, équitables, sans but lucratif et ils insistent sur la nécessité de garantir la solidarité parmi les générations actuelles et futures.
Les menaces et les tensions sur la disponibilité et l´accès au précieux liquide se voient multipliés de manière alarmante et dans les débats actuels sur l´eau potable on met l´accent sur le concept de sécurité hydrique, entendue comme l´accès de la population à cette précieuse ressource, de manière suffisant, sûre, et accessible afin de satisfaire leurs besoins d´usage domestique, pour la production d´aliments ainsi que pour la subsistance.
C´est contre cette sécurité hydrique si souhaitée qu´ agissent des facteurs de différent caractère : la pénurie physique liée peut être à des facteurs climatiques ou géographiques, ou bien à des régimes de consommation insoutenables ou de la surexploitation des sources de ravitaillement : il peut aussi y avoir l´influence des facteurs économiques qui déterminent une infrastructure déficiente, un aménagement inapproprié ou une capacité limitée pour accéder aux ressources d´eau disponible.
Dans d´autres cas, l´insécurité hydrique peut être déterminée par des facteurs tel que la pollution à différente origine, qui rend inutilisables les eaux, ou par l´incapacité d´accès aux sources en vertu du régime de propriété sur elles, ou étant donné par des questions de souveraineté sur les aquifères sous terrains ou sur des grands fleuves ou lacs.
Selon des estimations autour d´un 40% de la population mondiale (quelque 3 milliards de personnes) vivent actuellement dans des zones où les besoins d´eau dépassent la disponibilité. La situation sera encore plus grave dans les prochaines décennies dans la mesure que la population augmente et l´agriculture et l´industrie s´élargissent.
La relation entre la disponibilité d´eau et les demandes de la production agricole a établie autour de 70% de la consommation mondiale de nos jours. La situation est encore plus complexe lorsqu´on perçoit d´autres interrelations moins évidentes à simple vue, telles celles qu´existent entre les ressources hydriques et celles énergétiques.
En ce qui concerne cette singulière interconnexion un select groupe des académies des sciences s´est prononcé, en anticipant la réunion du G8, dans la capitale des Etats Unis. Les institutions susmentionnées ont souscrit une déclaration identifiant le lien entre l´énergie et l´eau comme l´un des défis principaux qu´il faut relever pour parvenir à un avenir soutenable.
La question concerne aussi bien la nécessité croissante d´énergie pour obtenir de l´eau en quantités suffisantes, que l´utilisation chaque fois plus élargie de grands volumes du précieux liquide moyennant des technologies utilisées dans l´exploitation des ressources d´hydrocarbures non conventionnels, tels les sables bitumineux ou le dit gaz d´ ardoise ou de schiste.
L´injection à pression d´eau et d´autres substances afin de multiplier le rendement des gisements pétroliers ou de gaz naturel est une pratique qui date des années 50 du siècle dernier, et l´on estime qu´elle s´utilise dans le 60% des puits actuellement en exploitation.
Cependant, il s´agit maintenant, de la généralisation des méthodes de fracture hydrique (fracking, en anglais) pour extraire le gaz naturel, par exemple, à partir des gisements où il est « encloîtré » dans des structures rocheuses plus complexes, ce qu´a permis d´épandre jusqu´un 40% du matériel, seulement aux Etats Unis.
Les procédures décrites entraînent un considérable nombre des problèmes environnementaux. Pour le sujet qui nous occupe, on calcule qu´un seul site de fracture hydrique peut avoir besoin de quelque 40 millions de litres d´eau. Lors du processus, s´échappent du système des substances toxiques tels le gaz méthane et des additifs chimiques, qui polluent les eaux souterraines des alentours. Dans les puits d´eau potable localisés dans les proximités des lieux de fracture on a rapporté des concentrations de gaz méthane jusqu´à 17 fois supérieur à celles trouvées dans des cas normaux.
En ce qui concerne les dépôts de sables bitumineux ils sont exploités moyennant des techniques de sectionnement de mines superficielles, ou bien on le fait couler vers des puits moyennant l´application des techniques qu´utilisent in situ de la vapeur et des dissolvants pour réduire la viscosité du bitume. Dans le cas des sables bitumineux, pour produire chaque unité de volume de cru synthétique on utilise entre 2 et 4,5 unités de volume d´eau. Presque toute cette eau finie dans des lacunes noires.
Toutes ces procédures jadis méprisées comme étant agressives sont devenues à l´heure actuelle faisables du point de vue économique devant l´enchérissement dû à la pénurie progressive des dépôts des combustibles fossiles plus conventionnels. Cette rentabilité est déterminée par le fait, parmi d´autres facteurs, de l´accès limité à l´eau, comme si celle-ci était en effet une ressource intarissable. Néanmoins, il est de plus en plus évident que ce n´est pas la réalité.
Le rapport présenté par l´ONU devant le dernier Forum Mondial de l´Eau précise que la pénurie ressort chaque fois davantage comme l´un de problèmes du 21ème siècle, si l´on tient en considération qu´un milliard de personnes sont affectées pour le manque du liquide si vital et que le chiffre augmente d´année en année. D´après ce rapport, le changement climatique, la mauvaise gestion, la mauvaise distribution des ressources, la rapide urbanisation et la pollution sont aujourd´hui une menace significative pour les sources hydriques.
L´affectation attendue comme effet du changement climatique mérite une attention considérable, car il s´agit d´un processus jusqu´à maintenant incontrôlé qu´a déjà provoqué des séquelles qui vont rester pendant des siècles
Un article publié sur le site www.scidev.net signé par Lucinda Mileham nous rappelle que l´énergie solaire piégée dans l´atmosphère par les gaz à effet de serre contrôle le cycle hydrologique , c´est pourquoi n´importe quel accroissement intensifie de manière efficace le cycle, changeant les patrons de pluie et exacerbant des événements extrêmes comme les sécheresses et les inondations.
Selon l´auteur, les effets du changement climatique sur la sécurité hydrique sont visibles. A niveau global, la zone de terre classée comme « très aride » par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a doublé depuis les années 70. Cela a été accompagné des inondations plus sévères sur les latitudes moyennes hautes, des sécheresses plus longues et plus fréquentes dans certains endroits de l´Asie et d´Afrique, et des événements plus fréquentes et intenses liés à El Niño, tout ce qui change l´équilibre entre la demande et le ravitaillement des ressources hydriques.
Cuba n´échappe pas aux circonstances mondiales autour de la ressource eau. Ainsi peut-on le constater dans le chapitre sur Cuba qu´apparaît dans l´ouvrage Diágnóstico del Agua en las Américas (Diagnostique de l´Eau dans les Amériques) apparu récemment à l´initiative de la Red Interamericana de Academias de Ciencias (Réseau Inter Américaine des Académies des Sciences).
Dans ce chapitre, préparé par des prestigieux cubains experts dans la matière, on présente plusieurs facteurs qui conditionnent les actions sur les ressources hydriques à Cuba. A remarquer la vulnérabilité caractéristique de notre condition d´archipel, la forme longue et étroite de l´île principale et la prédominance du carse dans les aquifères sous terrains. Tout cela accompagné de notre totale dépendance du comportement des pluies, en ce qui concerne l´eau.
La variabilité climatique est présente aussi de manière remarquable, exprimée surtout par le changement de régime des pluies. Un autre trait important c´est le caractère dominant de l´activité agropastorale dans le développement du pays et sa haute consommation relative. Tout ce, de pair avec la répercussion du changement climatique et les mesures d´adaptation et de mitigation qui lui sont associés.
Les indicatifs classiques de disponibilité d´eau placent Cuba parmi les pays à plus faible disponibilité d´eau per capita, par rapport aux ressources potentielles et profitables. La littérature spécialisée reconnaît que ces formes de mesure reflètent davantage la relative richesse potentielle d´ eau à partir de ses principales sources naturelles – telles les pluies dans le cas de Cuba - que le développement hydraulique atteint dans un pays donné.
À Cuba on dispose de 239 grandes barrages que stockent quelque 9 000 hm3 (hectomètres cubes) et un peu plus de 7 000 hm3 annuellement. A cela s´ajoutent 730 barrages inférieurs à 3 hm3.
Un indicateur plus récent, celui de la Trace Hydraulique, situe Cuba dans la place 30 parmi 142 pays, avec 1712 mètres cubes par eau par habitant annuellement. Ce chiffre concerne le volume d´eau potable utilisée pour produire les biens et les services consommés pour chaque individu et comprend aussi l´eau consommée, l´eau évaporée et celle polluée.
Cuba n’est pas épargné pas du problème principal à l´heure de l´évaluation des impacts futurs sur la sécurité hydrique, qui réside surtout sur la l´incertitude des prédictions. Cette incertitude obéit aussi bien à la variabilité intérieure du système climatique qu´à l´incertitude sur les émissions futures et les scènes de développement.
À tout ceci s´ajoute l´incertitude par rapport à l´efficacité des modèles utilisés pour refléter les effets des émissions vers l´atmosphère ainsi que les modèles hydrologiques en général. Le changement climatique est déjà en cours et même si on parvient à une réduction drastique des émissions de carbone, les affectations au ravitaillement d´eau vont persister. Voilà pourquoi les stratégies d´adaptation sont tellement nécessaires dès à présent et cela dans la pratique, signifie de viser avec intelligence et systématiquement la réussite d’un aménagement efficace et soutenable de cette ressource si précieuse.
À Cuba, parmi les effets prévisibles du changement dans le climat se trouve son incidence relative dans les disponibilités quantitatives de la ressource d’eau, en relation directe avec les périodes de sécheresses, la probable augmentation des phénomènes extrêmes qui peuvent provoquer l´accumulation de grands volumes et les effets sur la qualité de l´eau, à cause des phénomènes tels une augmentation de la salinisation dans les aquifères par l´élévation du niveau de la mer.
C´est pourquoi la stratégie cubaine d´adaptation dans ce domaine pointe vers la mise en application, dans toute sa portée, d´une gestion intégrée de la ressource d’eau dans les bassins hydrographiques, mettant à profit comme point de départ le développement hydraulique national, qu´a permis de garantir dans la mesure du possible, le ravitaillement d´eau pour le développement soutenable du pays.
Evidemment, l´aménagement des ressources hydriques devra être l´objet d´ attention permanente dans les études et les projections, pour faire face au changement climatique en vertu de son caractère stratégique pour la sécurité nationale. Cela est donné non pas seulement par sa signification en tant qu´objet de consommation de première nécessité mais aussi par son influence décisive sur la sécurité et la souveraineté alimentaires et pour la préservation de la santé de notre population.