Le dénouement de l'affaire des expulsés de Cachan, et le triomphe d'une négociation intelligente, montrent, par opposition, que la méthode forte est non seulement moralement contestable mais surtout vouée à l'échec.
Nicolas Sarkozy a obtenu le résultat exactement inverse à celui qu'il recherchait. En décidant d'évacuer le plus grand squat de France au coeur de l'été, l'agité de Beauvau voulait faire un exemple de rupture dans la politique de l'immigration.
Au nom de raisons sanitaires - au demeurant légitimes et qui furent largement mises en avant - on monta une spectaculaire opération de nettoyage (le terme était à peine outrancier dans certaines bouches) pour en finir avec ce qui était considéré comme une espèce de laxisme faible.
Ceçi aurait pu être évité si le jeu politique avait résisté à la tentation de faire de ce drame humain un outil de promotion ou de confrontation. La question de l'immigration, régulière ou clandestine, doit absolument rester à l'abri des passions, des polémiques et de toutes les démagogies idéologiques. Elle mérite la discrétion et la modestie parce qu'elle est complexe et, à l'épreuve des faits, toujours étrangère à une logique rationnelle. A l'exception d'une certitude : on n'est jamais assez humain