Voiçi la quatrième partie d'un manuscrit envoyé par le soldat allemand Vandelow qui a combattu à Banogne pendant la 1ère guere accompagnant la lettre publiée par Azurcom le 3 novembre dernier
Rappel:Dans son sermon,le curé au cours de la messe de communion fait allusion aux conjonctures difficiles dans lesquelles a lieu cette fete ......................
« On nous a pris nos biens et notre liberté,mais jamais on ne saurait prendre notre Dieu,le Dieu de nos pères qui tant de fois dans le passé de notre cher pays l’a sauve quand il se trouvait dans un grand danger .De ce coté çi,comme de l’autre du feu des milliers de cœurs se souviendront aujourd’hui de Jeanne La Pucelle que le Seigneur nous a envoyée autrefois pour chasser de notre territoire un ennemi insolant.Joignons nous donc à eux pour implorer le Très Haut de nous envoyer encore un sauveur pour nous délivrer de l’envahisseur dont la main pèse si lourdement sur nous.Cette prière sera exaucée,je le sent et je le vous promet,pourvu qu’elle vienne de cœurs purs et de lèvres pieuses.Chantons donc ensemble le vieux cantique que vous connaissez et que nos ancetres chantaient déjà aux veillles de grandes batailles »Au meme moment,l’orgue entonna une petite mélodie très simple que j’entendais pour la première fois et qui s’est gravée dans ma mémoire.Déjà des voix de paysans s’élevaient à leur tour,un pau rauques et trainantes,répétant infiniment le refrain:
"Vierge notre espérance
Etends sur nous ton bras
Sauve,sauve la France
Ne l’abandonne pas »
Furtivement,je regarde autour de moi ,un peu troublé par cette situation étrange où je me trouve,moi l’homme sceptique des grandes villes,soldat allemand d’ailleurs et hérétique au milieu de cette foule de paysans croyants dont je connais les mœurs et la langue mais que tout sépare de moi en ce moment. Serait-ce donc vraiment le cri de détresse d’une population poussée à bout par quatre années d’oppression que ce chant répété par leurs voix criardes ?Ou bien n’y aurait il pas d’émouvant dans tout cela que l’exaltation patriotique de cet organiste de village qui sait arracher des notes si touchantes à son petit groupe.
J’essaie d’épier l’expression des visages qui m’entourent et je constate à ma surprise qu’ils ne trahissent aucune émotion ;pendant que les bouches tordues par l’effort continuent à répéter l’éternel refrain.Pourtant ils doivent bien se rendre compte qu’un coup décisif se prépare contre les forces françaises .
N’ont-ils pas entendu chaque nuit le pas pesant d’une formidable infanterie,le roulement sourds des pièces et le cri des conducteurs se succéder depuis le crépuscule,jusqu’aux premières lueurs de l’aurore
(A suivre..........)