Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

LE MIRACLE

Voiçi la cinquième partie d'un manuscrit envoyé par le soldat allemand Vandelow qui a combattu à Banogne pendant la 1ère guere accompagnant la lettre publiée par Azurcom le 3 novembre dernier 

e4c3db0663c87dda146d715b6541537d.jpg

Et tous ces bruits ne se sont-ils pas toujours éloignés dans la direction de la vielle cité des rois de France,tapie là-bas  derrière les dernières collines à l’ombre de sa gigantesque cathédrale.

 

La dernière fois que nous avions vu la cathédrale de Reims ,c’était un soir de 1915 quand,en rentrant dans les tranchées du coté de Cernay,elle se dressa tout à coup comme une énorme bete de l’apocalypse.Nous avions d’ailleurs passé par la ville meme avec une autre division de la Garde,en revenant de la Marne en 1914 ;Prés de la cathédrale s’élevait une statue de Jeanne d’Arc,qui nous regardait passer,en brandissant son épée d’un air de triomphe.Nous n’éprouvions pourtant aucune honte à défiler ainsi devant elle,car l’ordre de repli nous avait surpris en pleine avancée du coté de Montmort.Nous ignorons les événements graves survenus aux deux ailes de notre armée,et,nous ne doutions pas que nous reprendrions bientôt l’offensive. Eh bien l’heure de la nouvelle marche en avant est enfin venue.Demain nous reprendrons Reims et repasserons glorieusement devant votre Pucelle qui n’est bonne qu’à chasser les anglais. Les troupes rassemblées par le général Ludendorf sont choisies parmi les meilleures de l’armée et le plan d’emploi des principaux batiments de la ville est arreté depuis longtemps au quartier général du Kompraintz.On doit donc etre bien sur de réussir.En revanche nous n’aurons jamais ni Verdun,ni Paris.Et après tout,cela vaut peut etre mieux.Il n’y aura pas de décision et tout le monde comprendra qu’il vaut mieux faire la paix.Nous nous serrerons les mains comme deux braves qui ne se gardent pas rancune et nous tacherons d’enterrer à jamais la vieille querelle entre gaulois et germains.

Telles étaient mes pensées lorsque le chant enfin cessa.Le pretre descendu de l’estrade,traversa la nef par l’allée centrale pour disperser l’eau benite en commençant par le coté droit .Arrivé au bout devant les soldats allemands massés derrière les bancs,il fit virer lentement en faisant demi-tour,le goupillon au bout de son bras  étendu,non sans avoir laisser quelques gouttes sur les hommes en felgran,pour l’agiter ensuite dans la direction des personnes assises à gauche.Après lui venait l’enfant de chœur chargé de la quete,un petit bonhomme aux yeux rieurs qui faisait le tour très conscencieusement de tous les civils et de tous les soldats.

Deux minutes plus tard,je sortis discrétement pendant que l’orgue reprenait la mélodie de tout à l’heure.En approchant de mon logement,après avoir visité les camarades,je fus surpris d’entendre encore venant de l’église l’éternel appel à la mère de Dieu "Sauve,Sauve la France " accompagné de sons d’orgue d’une véhémence incroyable. Finalement,je vis les paysans sortir de l’église.Ils marchaient par deux ou trois devisant tranquillement de choses indifférentes.Aurai-je donc été le seul à part le pretre et l’organiste qui eut l’ame troublée profondément par la beauté grave de cette heure ?

A suivre.........

Les commentaires sont fermés.