J'emprunte régulièrement depuis pret de 20 ans l’autoroute A6 de Nice à Monaco ou Menton et le trajet n'a plus beaucoup de secrets pour moi.
Mais cette fidélité est mal récompensée car, dès que j’emprunte cette voie et sa succession de tunnels (Las Planas, Pessicart, Saint Pierre de Féric, Canta Gallet…), j’ai le sentiment d’être victime d’une malédiction.
Evidemment, je n’évoque pas ici le radar qui rêve d’effeuiller mon permis de conduire avec la frénésie d’un amoureux transi. Ce radar n’est pas mon copain mais, dura lex sed lex,et le républicain que je suis,ne dira pas un mot – surtout lorsqu’il s’agit de la sécurité de tous – contre cet instrument un peu aveugle de la loi commune.
Quand je parle de malédiction, je fais allusion à un tout autre désagrément lié aux tunnels : l’intermittence radiophonique.
On peut aisément le vérifier à chaque fois : après avoir roulé moins d’une centaine de mètres sous ces longs tunnels, mon autoradio devient aussi silencieux qu’une carpe.Or, ce que j’écoute à ce moment précis sur France Inter est TOUJOURS passionnant :le matin avant il y avait la revue de presse de Pascale Clark ou la chronique de Guy Carlier l'aprés midi c'est l’arrivée d’une étape du Tour de France,ou Daniel Mernet et son émission"Las-bas si j'y suis" l’analyse politique qui décoiffe, la prévision météo indispensable et, pire que tout, l’histoire drôle dont je vais manquer la chute !
Dès que le capot de ma voiture retrouve l’air libre, se réalise alors la deuxième partie de la malédiction. Ce que je peux à nouveau écouter est toujours incompréhensible:la fréquence de France-Inter est doublée par les radios italiennes
L’automaticité de cette double malédiction est telle qu’on peut pratiquement parler d’une loi physique.
Aussi, Mesdames et Messieurs de la radio, il ne faut pas vous étonner si, de guerre lasse, je ressors de vieux CD de Souchon ou Henri Tachan pour franchir le cap du tunnel de Monaco.