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OUBLIEE LA CRISE ?

Oubliée la crise : vive « le pacte de compétitivité », vive le capitalisme !

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Oubliées les « sub-primes », la crise du système bancaire et du crédit, les errements très intéressés des acteurs financiers. Effacée la cupidité, les effets de leviers excessifs, la titrisation sans limite, les défaillances des régulateurs, les errements des agences de notation. Occultés les 700 000 milliards de dollar d’OTC, représentant douze fois le PIB mondial, qui se promènent dans les « darkpools », les plateformes parallèles et les paradis fiscaux n’ayant jamais cessés d’être prospères.

Envolées les belles et nobles déclarations sur la réforme du capitalisme...

L’ouragan passé, ayant fait d’innombrables victimes parmi les peuples, ne subsiste que les déficits publics, la crise des dettes souveraines et les plans d’austérité. Et les marchés financiers, plus puissants qu’ils ne l’étaient avant la tornade, puisque les voici désormais en situation de dicter leur conduite aux Etats !

Non seulement les naïfs ou les crédules qui avaient cru aux promesses « sur la réforme du capitalisme » en seront pour leur frais, mais de surcroît, ils vont écoper « du pacte de compétitivité » à leurs dépends.

Déjà, la semaine dernière, de passage a Bruxelles pour une audition devant des parlementaires européens, j’avais été alarmé par les déclarations de députés libéraux qui semblaient rejeter sur le laxisme dépensier des gouvernements européens les difficultés que rencontre l’Euro. Dans leur propos, la crise financière n’avait aucune responsabilité, comme si elle n’avait jamais existé. J’en ai conclu que l’idéologie libérale avait été très rapide à ré-écrire un récit à son avantage. Un récit qui non seulement l’exonère de toute responsabilité, mais qui de surcroît lui permet de reprendre l’initiative. Je n’imaginais pas que la droite gouvernementale, en France comme en Allemagne, était déjà inscrite dans cet incroyable scénario.

Je l’ai constaté deux jours après, en lisant dans un grand quotidien du soir que « Berlin et Paris s’entendent pour proposer un pacte de compétitivité », l’Allemagne voyant dans ce projet la condition pour renforcer le fonds de sauvetage de la zone euro. Berlin entend demander aux autres pays de s’engager a réaliser les réformes structurelles qui accroîtront leur compétitivité et donc la solidité de la zone euro. Fermez le ban. Et de quoi s’agit-il ? De donner à la BCE la possibilité de racheter en direct de la dette souveraine pour soustraire les états au dictat des marchés ? D’émettre des Euro-bonds pour consolider une partie de cette dette ?

Pas du tout. Ce serait pour les libéraux rater l’occasion d’atteindre leurs objectifs. Figure au contraire dans ce pacte la politique salariale- supprimer l’indexation dans les pays où elle existe encore- l’âge de la retraite (si possible a 67 Ans) , la limitation de l’endettement public gravé dans le marbre, la flexibilité du travail (faciliter les licenciements) et, in fine des régimes de résolution de crises bancaires...Au moment où les salaires stagnent et où le chômage plafonne.

Curieusement et simultanément, le président de l’Assemblée Nationale, Monsieur Bernard Accoyer, propose une « Mission d’Information parlementaire su la compétitivité française »... Je voudrais être sur qu’il a trouvé ça tout seul !

Ainsi donc, au bout du bout, la crise, par le biais de la défense de l’Euro et au nom de l’Europe, permettrait d’imposer aux opinions publiques qui en font déjà les frais, des sacrifices supplémentaires en liquidant ce qui perdure du pacte social européen. Des sacrifices imposés par le haut, au nom du gouvernement économique, de l’orthodoxie monétariste et pour la gloire du capital ! L’Europe démocratique, déjà si souffrante, va encore progresser !

Si l’on ajoute à ces brillantes perspective le fait que la Commission Européenne négocie, en ce moment même, avec la Corée du Sud et le Canada (donc l’ALENA) une libéralisation des échanges, sans doute pour améliorer le taux de chômage en Europe, on peut s’interroger avec gravité sur notre avenir et les motivations véritables de ceux qui nous gouvernent.

J’ose espérer que les progressistes de tout poil ne laisseront pas faire. Sinon, le pire est à craindre. Car viendra un moment ou le désenchantement engendrera la colère qui emportera tout...

Henri Emmanuelli

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