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COMMUNIQUE D'AMNESTY

logo.gifAprès quatre heures d’une insoutenable attente, teintées d'espoir et d'angoisse, Troy Davis a été exécuté à 5h08 (heure de Paris). En effet, trois minutes après l’heure d’exécution prévue, la Cour suprême des Etats-Unis a décidé de se donner un délai pour examiner le recours des avocats de Troy Davis. Recours qu’elle a rejeté sans motivations.

Un sentiment de révolte profond nous habite à ce jour, à la hauteur de cette souffrance barbare infligée à Troy Davis, sa famille, ses proches, et à l’ensemble des personnes mobilisées pour lui à travers le monde; à la hauteur de l'inhumanité vécue cette nuit. A la hauteur enfin, de notre engagement sans faille, pour sauver Troy Davis de la mort, depuis bientôt 5 ans. Cela a failli réussir. Par trois fois déjà son exécution avait été reportée. Notre engagement pour Troy n'a pas été vain. Au contraire, il a permis de sensibiliser des millions de personnes à travers le monde, de rappeler la cruauté de ce châtiment, de faire vaciller les certitudes, de faire réfléchir un grand nombre de partisans de la peine de mort, aux Etats-Unis notamment.

La dernière semaine de mobilisation a été à travers le monde une immense boule de neige qui n’a fait que s’accroitre à mesure que les revers et décisions iniques s’accumulaient. A chaque fois, loin de céder à l’abattement, la mobilisation n’a fait que s’amplifier, au point que Troy Davis est aujourd’hui connu du plus grand nombre en France, aux Etats-Unis, et que les prises de position pour stopper son exécution se sont multipliées jusqu'à la dernière minute.

A Paris, suite à notre appel la veille, plusieurs centaines de personnes se sont jointes au rassemblement que nous organisions, en présence de personnalités, d’élus et des associations abolitionnistes françaises, le 21 septembre. A Marseille, Toulouse, Lille, les militants d’AI ont tout aussi spontanément décidé d’organiser des rassemblements.

Troy Davis, il en était pleinement conscient, a contribué de manière décisive au combat pour l’abolition. Car le combat de Troy et de sa famille était un combat pour l’abolition et la justice.

Notre soutien et mobilisation ont aussi et surtout été une source de réconfort palpable, toujours présente, toujours vivante, pour Troy, Martina, Kim (ses soeurs), De'jaun (son neveu): ils l'ont dit et répété maintes et maintes fois, dans les moments de désespoir et de stress, mais aussi dans les moments d'espoir qui ont jalonné notre chemin commun.

La chaleur que nous leur avons transmise, ils nous l’ont rendue par la force, le courage, l’absolue dignité dont ils ont fait preuve, dans les moments les plus noirs comme dans les phases d’espoir.
Troy, comme toujours, est parti dignement : ses derniers mots à la famille du policier ont été : « Je ne suis pas celui qui a commis le crime. Je n’avais pas d’arme. Continuez à chercher la vérité ».

Il a enfin transmis tout son amour à ses proches, et ses soutiens à travers le monde, et délivré par le biais d’un membre d’AIUSA, qui l’a rencontré mardi dernier, le message suivant : Le combat pour la justice ne s'arrête pas avec moi: ce combat est pour tous les Troy Davis avant moi, et ceux qui viendront après moi. Je me sens bien, je prie et je suis en paix. Mais je n'arrêterai de me battre qu'à mon dernier souffle".

Pour lui, pour sa famille, pour tous les condamnés à mort qui nous sont moins familiers mais exposés à la même souffrance, à la même cruauté, nous devons poursuivre avec d’autant plus d’énergie notre combat pour l’abolition, partout, toujours.
Amicalement,
Geneviève Garrigos

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