L’INRS (Institut de recherche pour la sécurité) a mis au point en 2010 un nouveau recensement des poussières d’amiante par le système META (« microscopie électronique à transmission analytique »). C’est une découverte tout à fait nouvelle et spectaculaire qui change tout pour les ouvriers des chantiers de désamiantage.
Car l’étude rendue publique en août 2011, révèle des FFA (fibres fines d’amiante) et FCA (fibres courtes d’amiante) fortement cancérogènes, non détectées jusque-là. On y apprend que depuis 1996, les désamianteurs sont restés soumis à des poussières hors de toute valeur limite d’exposition (de 6000 à 25 000 fibres par litre) avec des équipements, des procédures, des contrôles qui ne les protégeaient pas !
Croyez-vous que le ministère du travail sarkozyste s’est précipité devant ce nouveau danger mortel ? Non : il a fallu attendre le 23 novembre 2011 pour qu’une note du DGT (directeur général du travail) Combrexelle prenne acte de ces « niveaux d’empoussièrement d’une ampleur inattendue » (sic). Depuis, une cascade de circulaires en ont « ouvert le parapluie » entre le directeur régional d’Ile de France, le directeur de Paris, pour prendre des mesures « transitoires » visant à limiter l’action… des agents de l’inspection du travail. Il leur est demandé… de ne plus faire de contrôles car ils sont trop risqués !
Mais quid des salariés demanderez-vous ? Eux, ils continuent pendant ce temps-là ! Le DGT a publié un nouveau décret applicable d’ici le 1er juillet 2015 pour abaisser la valeur limite d’exposition permise de 100 fibres par litre à 10 fibres par litre… Combrexelle a expliqué dans Le Monde du 15 mars 2012 que « les entreprises n’étaient pas prêtes » Ce qui signifie que les ouvriers, eux, doivent rester prêts à mourir. Il faudra attendre 2015 pour que des mesures soient prises face au nouveau et terrible danger constaté ! Combien de victimes d’ici là ? Seul un moratoire s’impose pour protéger des milliers d’ouvriers du risque mortel. C’est de ça qu’il faudrait discuter, et vite, sous la direction du nouveau ministre Michel Sapin – qui n’a pas encore « viré » Combrexelle.
Un moratoire a été demandé, par Alain Vidalies, de l’équipe du candidat Hollande, le 2 mars 2012. Un moratoire, forcément, ça fait râler les gros pontes du bâtiment, ils vont encore pleurer misère, mais ils n’ont qu’à aller plus vite pour mettre en place de nouvelles protections, trop de vies sont en jeu. Et ceux qui n’agissent pas, au niveau de la DGT et du patronat sont et seront responsables et devront être envoyés devant les tribunaux. Une action de « classe » devrait être mise en œuvre pour permettre aux victimes et aux familles de se porter partie civile en urgence.
Mais qu’à t on à la stupéfaction générale ? Une mise en examen… de Martine Aubry pour ce qui n’aurait pas été fait par les ministres de 1984 à 1987… Ce n’est pas sérieux. Qu’une juge essaie de faire son travail pour traiter tout le dossier depuis les origines, c’est sans doute positif car la nocivité de l’amiante est connue depuis 1906 et le lobby de l’amiante a tout fait (et continue a faire au Canada et en Chine) pour étouffer les effets terribles de son produit… Mais « en opportunité » comme on dit, c’est une diversion choquante, incroyable, que de s’en prendre à Martine Aubry pour absence supposée d’action… il y a 30 ans ! Alors qu’aucun juge ne s’empare du dossier quotidien, urgent de la mise en danger d’autrui dans les chantiers ACTUELS. Car c’est AUJOURD’HUI, chaque jour, heure par heure, que des désamianteurs contractent des asbestoses, des mésothélyomes, des cancers de la plèvre, c’est aujourd’hui qu’il faut mette en examen les complices, le DGT Combrexelle, le patronat, qui ne mettent pas en oeuvre la seule mesure de sauvegarde, un MORATOIRE jusqu’à ce que des moyens de protection soient inventés et généralisés. (lire aussi Siné mensuel octobre 2012)