Après vingt et un passés dans le couloir de la mort, Warren Hill, un Noir américain de 52 ans souffrant de troubles mentaux, a vu son exécution suspendue pour la deuxième fois à la toute dernière minute, mardi 19 février au soir, à Jackson, en Géorgie, sur la base d'un diagnostic médical unanime sur son retard intellectuel.
Sept mois après un premier sursis in extremis, une cour d'appel du sud-est des Etats-Unis a accordé un "sursis conditionnel de l'exécution" et a ordonné aux parties de montrer en quoi le retard mental de M. Hill pouvait lui épargner la peine capitale.
"Nous sommes extrêmement soulagés que la cour d'appel du 11e circuit ait arrêté l'exécution de Warren Hill, une personne souffrant d'un retard mental", s'est réjoui son défenseur, Brian Kammer. "Tous les médecins qui l'ont examiné sont unanimes dans leur diagnostic du retard mental, il n'y a donc pas de doute que son exécution aurait été une violation de la décision de 2002 de la Cour suprême des Etats-Unis", a-t-il précisé.
"REBONDISSEMENT EXTRAORDINAIRE"
La plus haute juridiction du pays avait pourtant auparavant rejeté l'ultime appel du condamné, ainsi que plus tôt dans l'après-midi, la cour suprême de Géorgie. En 2002, la Cour suprême américaine a interdit l'exécution d'attardés mentaux, car leur handicap "ferait courir le risque d'une exécution arbitraire". Mais elle a laissé chaque Etat fixer les conditions requises pour déterminer ce type de handicap. Or, la Géorgie est le seul Etat américain qui requiert que le retard mental soit prouvé "au-delà d'un doute raisonnable". Les autres Etats se contentent d'"éléments prépondérants" pour conclure qu'un condamné souffre de troubles mentaux.
Mais l'affaire a connu un "rebondissement extraordinaire", selon Me Kammer, quand trois médecins qui avaient plaidé pour la Géorgie se sont rangés du côté de tous les experts médicaux en concluant que Warren Hill souffrait bien de troubles mentaux. La défense espère désormais que le handicap du condamné, dont le quotient intellectuel QI est inférieur à la moyenne, sera alors suffisamment établi au regard de la loi géorgienne, particulièrement sévère. Plusieurs organisations et personnalités, mais aussi des jurés du procès et la famille de la victime elle-même, ont appelé à commuer la condamnation à mort de M. Hill en réclusion à perpétuité.
L'ancien président américain Jimmy Carter avait réitéré mardi son appel pour que le bureau des grâces de Géorgie accorde sa clémence, comme il l'avait fait déjà en juillet dernier peu avant la première date d'exécution. "Il n'y aucun sens ni aucun honneur à exécuter des enfants, des fous ou ceux qui souffrent de troubles intellectuels", avait aussi estimé, à propos de ce cas, Christofer Heyns, rapporteur spécial de l'Organisation des Nations unies.