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  • ARRIVE A RIEN

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    Le départ de Jean-Luc Mélenchon de la direction du Front de gauche n'est pas à mettre sur le compte d'un tourment psychologique (stress, déception, lassitude), mais il signe l'échec d'une stratégie : celle de faire exister à la gauche du parti socialiste une alternative politique, une gauche de la gauche ou une gauche radicale, selon les termes habituels. La leçon à en tirer, c'est qu'il n'y a pas pour Mélenchon de vie possible à l'extérieur du PS, encore moins contre le PS, sauf à rejoindre l'extrême gauche pure et dure. 5 raisons peuvent être invoquées :

    1- Le PCF, principal parti du Front de gauche, est lié électoralement au PS . On l'a vu aux dernières élections municipales, au grand dam de Jean-Luc Mélenchon, mais c'est de l'histoire ancienne : si le PCF était un parti révolutionnaire, voulant rompre avec le système, on l'aurait su et vu en  1968 par exemple. A chacun de ces rendez-vous avec l'Histoire, le PCF n'a pas couru l'aventure révolutionnaire. Ce n'est pas avec Mélenchon qu'il s'y engagera en renonçant à son parlementarisme et à ses alliances électorales.

    2- Les écologistes, malgré un discours parfois radical et un antisocialisme de façade (dernier épisode, le livre de Cécile Duflot ), sont portés vers le pouvoir et vers le PS, même si ce sont des partenaires inconstants  velléitaires. Les places à occuper, les responsabilités à prendre les ramènent au principe de réalité, qui veut en politique qu'en dehors du pouvoir, on ne fait rien et on n'est rien. Jean-Luc Mélenchon a toujours eu du mal à rallier les écologistes à sa cause.

    3- L'aile gauche du PS, critique et turbulente, pouvait laisser espérer une implosion du parti, une fraction venant renforcer la gauche de la gauche. Mais là encore, c'est une illusion : l'aile gauche aboie mais elle ne mord pas, et le moment venu, elle retourne à la niche. C'est l'histoire du parti depuis toujours : jamais l'aile gauche n'a été en capacité d'influer sur sa ligne politique, sauf à la marge, dans les ajustements qui ne changent pas grand chose. L'aile gauche ne remporte que des victoires de congrès, lorsqu'il s'agit de se partager les postes ou d'obtenir les investitures. Pour le reste, c'est rien, seulement le gentil alibi au débat démocratique.

    4- L'extrême gauche reste fondamentalement indépendante et hostile à la gauche parlementaire. A ses yeux, Jean-Luc Mélenchon, avec son long passé de socialiste, n'est qu'un électoraliste, un opportuniste, un réformiste comme les autres, pas très différent des "solfériniens" que Méluche pourtant dénonce. L'extrême gauche ne se lie à la gauche que pour des raisons tactiques, très ponctuelles et provisoires, à des fins d'instrumentalisation (on l'a vu, à un petit niveau local, à Antibes lors de la précédente élection municipale).

    5- L'extrême droite et ses succès électoraux marquent l'échec le plus grave de la stratégie du Front de gauche, qui n'a pas réussi à arracher les milieux populaires, son électorat naturel, de l'influence du Front national. En matière identitaire, c'est une catastrophe : comment peut-on se réclamer du peuple en souffrance quand ce peuple vote Le Pen ?