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  • ET DIEUDONNE DANS TOUT CA

     Une page publiée mardi sur Faceboock appelle à un rassemblement  à Nice  dimanche en faveur du maintient du spectacle de Dieudonné àdans cette ville.

     Il faut répondre à ceux, qui peuvent être nombreux, notamment parmi les plus jeunes, qui ne comprennent pas qu'on se lève en masse pour défendre la liberté de Charlie hebdo alors qu'on met l'humoriste Dieudonné en garde à vue, qu'on condamne et interdit certain de ses spectacles. La liberté chérie, comme l'appelle le VIe couplet de la Marseillaise, n'y a-t-il pas droit lui aussi ? Non, justement, et c'est ce qu'il faut expliquer, car on a les apparences contre soi quand on soutient cette position, on laisse entendre qu'il serait permis de se moquer des musulmans et de leur Prophète et défendu de plaisanter sur les Juifs et l'Holocauste. Mais ce n'est pas du tout ça.

    Je n'ai jamais  repris à mon compte  la règle de Pierre Desproges : "on peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui", parce qu'alors, on ne va pas rire avec grand monde, et surtout, ça n'empêchera pas les fans de Dieudo de rire entre eux mais j'adhère à la  formule de Saint-Just, "pas de liberté pour les ennemis de la liberté", elle est dangereuse et détestable.

    Dieudo n'est pas Charlie, tout simplement parce qu'il a cessé d'être un humoriste, qu'il s'est engagé dans un combat politique, l'antisionisme radical. L'équipe de Charlie a bien sûr ses préférences politiques, d'ailleurs multiples, qu'on peut en général qualifier de libertaires. Mais elle n'a jamais rallié un camp, brandi un drapeau, milité en faveur d'une cause : c'est toute la différence, immense, avec Dieudonné. Les faits le prouvent encore mieux que le raisonnement : Dieudonné a été reçu officiellement par la République islamique d'Iran, il a fait monter sur scène, lors de son spectacle, le professeur Faurisson, négationniste des chambres à gaz, tout le contraire d'un rigolo. On peut rire de tout, avec n'importe qui, mais là, Dieudonné ne rit plus, même si ses partisans ricanent sous cape.

    La frontière entre le licite et l'illicite, entre le permis et le défendu, entre l'humour et la position idéologique, ce n'est pas la morale qui en décide, c'est la loi, c'est la justice, quand on est en République. Dieudonné a été condamné plusieurs fois pour ses dérapages, Charlie hebdo n'a jamais été condamné pour ses dessins (malgré les assignations en justice). Après ça, il n'y a plus à douter, il n'y a plus à se demander pourquoi "je suis Charlie" et pourquoi pas "je suis Dieudo". D'ailleurs, l'humoriste lui-même s'est trahi : en affirmant "je suis Charlie Coulibaly", en proférant une formule contradictoire, insensée, inepte, il ne faisait qu'une provocation de plus, il tentait de nous berner en reprenant à son compte l'esprit d'un mouvement qui lui est en réalité profondément opposé. Dieudonné n'est ni un humoriste, ni un comique : c'est un pitre, du genre le moins drôle qui soit.