Une réponse profondément erronée à une question juste
Jean-Christophe Cambadélis a posé une question juste : comment réaliser l’unité de la gauche lors des Régionales de 2015 ? Mais il lui apporte une réponse profondément erronée : organiser un référendum du « peuple de gauche » , pour ou contre l’unité de la gauche, aux prochaines élections régionales.
Ce référendum prend le risque (en dehors d’un possible fiasco) d’accroître encore plus la division de la gauche. Le FDG, EELV ou le PG (comme leurs électeurs) ne peuvent interpréter ce référendum que comme une manœuvre visant, non pas à unifier la gauche, mais à permettre au PS de gagner (éventuellement) quelques sièges, au détriment des autres partis de gauche.
Le FDG, le PG, EELV ont leurs responsabilités dans la division de la gauche.
Ils ne semblent pas vraiment comprendre le risque de laisser le FN gagner deux ou trois Régions et avant tout de laisser gagner Marine Le Pen dans le Nord/Pas-de-Calais/Picardie, à un an de l’élection présidentielle. Ils ne semblent pas, non plus comprendre, qu’au second tour, il faut faire l’unité contre la droite, quelles qu’aient été les dissensions au 1er tour. Certaines composantes du FdG ont, ainsi, permis la victoire du candidat de droite en se maintenant au second tour, à Noisy-le- Grand.
La responsabilité première de la division incombe à la politique de Valls-Macron
Cette politique néolibérale est en complète contradiction avec les « 60 engagements de François Hollande. » Elle n’a qu’un objectif : « baisser le coût du travail » pour augmenter les profits des grands groupes, dans l’espoir, constamment démenti, que ces derniers renverront l’ascenseur et créeront des emplois.
Il est impossible de construire une quelconque unité de la gauche (au-delà de Jean-Vincent Placé, Robert Hue et Jean-Michel Baylet) sur une politique qui s’attaque frontalement aux droits des salariés : salaires, gel de la valeur du point dans la Fonction publique, retraites, travail du dimanche, contournement des 35 heures, droit du travail, Sécurité sociale… et aux dotations des collectivités territoriales. Comment expliquer autrement l’abstention, aussi considérable que constante des électeurs de gauche depuis fin 2012 ?
L’unité de la gauche est nécessaire et urgente
- Mais elle ne pourra pas se faire sur la seule peur du FN. Ce qui a permis la progression du FN c’est le refus d’un gouvernement de gauche à mener une politique de gauche. Un référendum qui aurait pour seule fonction de servir de béquille à cette politique ne pourrait qu’aider l’extrême-droite et la droite, et ne ferait pas bouger d’un iota l’abstention du « peuple de gauche ».
- L’unité de la gauche est un objectif beaucoup trop précieux pour l’instrumentaliser dans le but,tout à fait aléatoire, de gagner ½ ou 1 point lors des prochaines Régionales.
Pour que l’unité de la gauche puisse entraîner une réelle dynamique, permettant de battre la droite et l’extrême-droite, il faut tout mettre sur la table, et ne pas faire comme si le vote des Régionales allait se faire en dehors de tout contexte national.
Il est juste de préciser les enjeux des régionales, la différence entre les politiques régionales –souvent menées unitairement à gauche – et la politique nationale.
Mais, les électeurs, dans leur immense majorité, voteront (ou s’abstiendront) avant tout, sur les orientations politiques nationales, encore plus que lors des dernières élections municipales, européennes ou départementales.
Il n’est pas possible d’affirmer que l’élection de Marine Le Pen serait un désastre d’ampleur nationale sans en tirer les conclusions : s’il s’agit d’un problème national, c’est nationalement qu’il faut le traiter.
Il faut construire une unité de la gauche solide, sur le fond.
S’il prenait réellement au sérieux sa crainte de voir les Le Pen gagner dans la Région Nord-Picardie et en PACA, Cambadélis devrait, dans l’urgence, inviter tous les dirigeants de la gauche à se réunir pour leur proposer de discuter de la répartition et de la composition des listes aux élections régionales, du 1er ou de la 1ère de ces listes et, surtout, pour définir les grands axes d’une politique commune.
Qui peut croire un seul instant que l’unité de la gauche peut se construire à coup d’ultimatum, de mise aux pieds du mur, en faisant l’impasse sur une discussion politique de fond ?