MON AMI ANDRE BETTA
Mon ami l'ancien joueur du Stade de Reims a choisi la Côte d'Azur pour sa retraite.
GREGORY BETTA , son fils notaire à Puteaux, l'assure : son père, André, a été l'idole de François Hollande quand ce dernier, adolescent, assistait aux matches du FC Rouen à Robert-Diochon : « Il l'a dit à une radio. Lorsqu'il était premier secrétaire du PS, je lui ai envoyé des photos de mon père. Il a répondu et m'a remercié ».
Cette révélation ne trouble pas plus que cela André Betta, qui coule une retraite tranquille à Peymeinade, à 30 kilomètres de La Bocca à Cannes, à 50 du Stade du Ray à Nice et à 172 du Vélodrome de Marseille. « Je ne vais pas voir de match. Je suis devenu casanier. A un moment, le nom de Carlos Bianchi a circulé à l'OM. Là, j'y serais allé volontiers ! », affirme-t-il.
André Betta vénère le goleador : « Un phénomène. L'un des meilleurs attaquants au monde. Il m'appelait M. Caviar. Avec moi en n° 10, il a terminé deux fois meilleur buteur de D1 ».
16 ans de D1, pas un centime
Le foot, l'ancien Stadiste ne le regarde plus « que de loin » : « Je n'ai plus de contacts ». La pratique qu'il a connue n'a qu'un lointain rapport avec celle d'aujourd'hui. « Seize ans de D1, deux sélections en équipe de France et je n'ai pas gagné un centime. Maintenant, il suffit de faire deux ou trois bons matches, explique-t-il. A notre époque, il n'y avait pas d'argent dans les clubs. Les droits télé n'existaient pas. Les clubs ne vivaient que des subventions municipales ».
« Dédé » se souvient « des rats » qu'il croisait à l'entraînement, à Rennes, quand il pleuvait : « Le terrain, c'était un mélange de sable et de cailloux. Quand je vois ce que sont devenus des stades où j'ai joué, comme ceux de Reims, Bordeaux ou Rennes… »
« De toute façon, pour moi, c'était l'usine ou le football ». Il n'y a pas de franche aigreur chez André Betta. Parti au soleil, sur la Côte d'Azur, en 1998 pour répondre au souhait de son épouse, il préfère juste profiter de ses « 2 000 m2 de terrain » : « J'ai des oliviers, j'ai tout. C'est du travail forcément ».
La remontée du Stade de Reims - il fut l'un des derniers pros d'avant la descente en D2 - est un sujet sensible : « Il a fallu attendre 33 ans. Il faut absolument qu'ils tiennent le coup ».
Aisance technique et professionnalisme absolu : « Dédé » est exactement le type de joueur qu'il faudrait au Stade 2012-2013. L'alcool, les cigarettes, connaît pas. L'intéressé a toujours marché à l'eau et au coca-cola :
Personnellement « Je ne l'ai jamais vu arriver une seule fois en retard. C'était le genre Masclaux », ce que confirme Patrice Buisset, son jeune coéquipier, finaliste de la Coupe de France 1977, lui aussi.
« Jusqu'à 48 ans »
Cette vie d'ascète explique pourquoi celui qui a habité à Bétheny, puis à Mouzon, a joué « jusqu'à 48 ans », mi-meneur, mi-entraîneur (à Epernay, Châlons, Bétheny). Auparavant, « Dédé » avait dirigé le Centre de formation du Stade de Reims, période qu'il zappe un peu : « Il n'y avait pas les dirigeants qu'il fallait ».
Cette longévité est d'autant plus étonnante que le milieu de terrain a souffert de deux fractures de la jambe, la première sur le terrain, à Rouen, « le jour de mes 34 ans », la seconde dans un terrible accident sur l'autoroute vers Chartres, crash dont « Dédé » est sorti broyé de partout.
Curieux pour quelqu'un qui n'a jamais passé son permis de conduire (« Il n'y a qu'Onnis et moi »). A Metz, même par temps de grand froid, il se rendait à l'entraînement « en solex » : « A Reims, j'ai fait l'effort de m'acheter une mobylette ».
Rennes et Metz sont les deux clubs qui ont le plus marqué « Dédé » : « A Rennes, j'ai gagné la Coupe de France. A Metz, nous étions une équipe de potes et avions la meilleure attaque ».
Bien avant le foot désormais, les courses sont le dada du retraité. Déjà joueur, « Dédé » arrivait avec Paris-Turf sous le bras. Aujourd'hui, il est un spectateur assidu de la chaîne Equidia qui lui permet de parier en direct : « Je joue tous les jours. Je surveille les cotes sur Geny Courses ».
Le Ch'ti de Leffrinckoucke - comme Michel Hidalgo et Christian Synaeghel - n'est plus « le gueulard » qu'il était : « Quand j'avais tort, je savais le reconnaître mais quand j'avais raison, j'allais jusqu'au bout ». La conséquence peut-être des sangs algérien et polonais qui coulent dans ses veines.
Grégory Betta a une anecdote qui le touche au plus près concernant ce franc-parler : « Quand j'avais 9 ans, je jouais au Stade de Reims. Mon père a assisté à un match. Il m'a dit : Toi tu vas faire des études ». Dur mais bien vu…
Match des anciens du Stade en juin 2000 à Antibes Andre Betta en bas à gauche Dario Grava venu en renfort 4ème en bas à droite et le 5èmè en haut depuis la gauche : devinez.........
Article largement inspiré de Jean-Pierre PRAULT journal L'UNION