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anduze

  • CA GAZE POUR LA GENDARMERIE A ANDUZE

    Émoi autour de la vidéo d’un chef d’escadron WOINAN dispersant une action pacifique à grands coups de gaz lacrymogènes.

    «Aucun commentaire à faire pour l’instant », répète la direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN). On comprend son embarras. Depuis une dizaine de jours, la vidéo (voir ci-dessous) de ce qui ressemble fort à une bavure gendarmeresque  circule en boucle sur Internet. On y voit un gradé user et abuser de gaz lacrymogènes contre d’inoffensifs manifestants qui bloquaient les voies de la petite gare d’Anduze (Gard).
    Le 21 janvier dernier, près de 300 personnes ont, en effet, organisé un rassemblement pour protester contre la suppression programmée de la communauté de communes Autour d’Anduze (2C2A), appelée à se fondre, comme l’exige la réforme des collectivités territoriales, dans un vaste regroupement de communes dit du Grand Alès. Ce jour-là, les manifestants ont décidé de bloquer le départ du petit train des Cévennes qui devait emmener les élus du Grand Alès et leurs invités à la cérémonie des vœux de l’Agglo d’Alès.

    La plupart se tiennent derrière les barrières blanches de la gare d’Anduze, tandis que quelques dizaines d’autres, dont de nombreux retraités et des élus en écharpe, se tiennent sur la voie ferrée, au nez de la locomotive. Le sit-in durera une demi-heure dans une ambiance apparemment bon enfant. Du moins jusqu’à la violente intervention d’un chef d’escadron (commandant). Visiblement pressé de faire évacuer les lieux, on le voit d’abord essayer de soulever une dame âgée, assise sur le bord des voies. En vain. Il arpente alors le quai et asperge la petite foule soudain de lacrymogènes. C’est la cohue. Un homme proteste. Il reçoit une giclée en plein visage. La situation dégénère. Plusieurs manifestants sont ceinturés, d’autres reçoivent des coups de matraque. Des jets de pierres ont lieu. 

     De source proche de la DGGN, on précise que cette vidéo est « sans aucun doute parcellaire » et que la « manifestation n’était pas aussi pacifiste qu’on veut bien le dire ou le montrer ». Une version que récusent les témoins. « Un accord avait été négocié entre nos élus et les forces de police, assurent les représentants d’une association locale. Il était prévu de dégager la voie après un blocage symbolique. Sans cette intervention violente et disproportionnée, le train serait parti avec un peu de retard, certes hué, mais il n’y aurait sans doute pas eu de débordements. Les autorités en ont décidé autrement. »

    Jusqu’à hier, aucune enquête disciplinaire n’a été engagée contre le gendarme incriminé. Quant à savoir pourquoi il était aussi pressé de faire dégénérer cette manifestation, certains ont leur petite idée. Et rappellent notamment que le député Max Roustan (UMP), initiateur du projet contesté du Grand Alès, est également le coauteur de la réforme des collectivités territoriales…

    La réaction du Préfet…
    Interrogé sur les récents événements d’Anduze, Hugues Bousiges, préfet du Gard, se dit tout à fait surpris : « empêcher un train de démarrer, se mettre sur des voies, puisque c’est quand même ça le fait originel de ce qui s’est passé à Anduze, c’est quand même peu courant. Je ne connais pas d’autres endroits dans le département, voire en France où dans cette période où l’on est en train de réfléchir aux intercommunalités futures, des élus ou des personnes manifestent de cette façon-là. »

    Le représentant de l’État reconnaît qu’il y a « des inquiétudes, et un antagonisme fort entre la commune d’Anduze et les autres communes. Mais il y a d’autres communautés de communes qui sont amenées à évoluer, à rejoindre d’autres communautés de communes plus importantes ou à se scinder, et où ces questions sont abordées avec sérénité. »

    Tout en condamnant « des comportements qui troublent l’ordre public », et appelant au calme, le préfet chargé par la loi de faire émerger la future carte territoriale du Gard réaffirme que « la réflexion est en cours sur le dossier de l’intercommunalité. »

    Quant aux faits eux-mêmes, il se défend de se prononcer, «   il y a des saisines de la justice, des enquêtes en cours, les autorités administratives et la justice sont en charge d’apprécier des éventuelles responsabilités des uns et des autres. »

    RENÉ DIEZ pour MidiLibre.com