En se rendant pour son premier déplacement de candidate au Liban, puis dans les territoires palestiniens occupés, et en Israël, Ségolène Royal n’a pas commencé par le plus facile. Mais elle a commencé par l’essentiel. C’est-à-dire par le coeur géopolitique de bien des conflits et de bien des discordes, et qui essaime jusque dans nos régions. Il faut, avant tout autre commentaire, lui savoir gré de ce choix. La suite, hélas, ressemble à une dérive. Le mot.La candidate socialiste avait raison de vouloir rencontrer ceux que la diplomatie occidentale, alignée sur la vision américaine, traite comme des pestiférés : le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien. Ils ont chacun à leur façon une légitimitédémocratique et populaire. Et c’est eux qu’il faut entendre et parfois contredire.
Or, cette rencontre, qui était prévue, aurait eu l’avantage de contredire l’idéologie dominante dans les capitales occidentales selon laquelle la responsabilité du conflit serait aujourd’hui imputable au Hamas et à son refus de reconnaître Israël. Comme s’il n’y avait jamais eu de conflit israélo-palestinien avant le succès électoral du Hamas, en janvier dernier, et comme si, avant cette date, Israël avait déjà cent fois reconnu un État palestinien... Hélas, dans la hâte, Ségolène a opéré une brusque volte-face. « Pas question de parler aux responsables du Hamas », qui est « sur la liste des organisations terroristes », a-t-elle finalement commenté devant des responsables israéliens réjouis. Mais ce n’est pas tout... Ségolène Royal a ensuite spectaculairement réaffirmé son opposition au « nucléaire civil iranien ». Ou comment une bourde dans un débat télévisé (c’était contre Fabius et Strauss-Kahn) est en passe de devenir la politique de la France. Ni Ehud Olmert, ni George W. Bush n’avaient songé à aller si loin sur le dossier iranien. Mais ce n’est pas tout... La candidate socialiste a également justifié les survols des positions intérimaires des Nations unies au Liban par des appareils israéliens.« Je sais que ces survols sont liés à la défense de la sécurité d’Israël », a-t-elle finement analysé, deux jours après avoir dit le contraire au Sud-Liban.
Et le pire est encore à venir... Car Ségolène Royal a aussi jugé « nécessaire » et « justifié » le mur, dont on sait pourtant qu’il empiète profondément dans les territoires palestiniens. Et elle a eu à ce sujet cette remarque ébouriffante : « Encore faut-il que les choses se fassent dans une bonne entente. » Exproprier, démanteler, coloniser, soit, mais dans la concorde. Ségolène Royal a fait le contraire de François Mitterrand. Lors de son voyage de 1982, l’ancien président socialiste avait pris soin de dire à chacun ce que précisément il ne voulait pas entendre. C’est ainsi que devant la Knesset, le Parlement israélien, il s’était prononcé pour un État palestinien
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Courage