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DIMANCHE 5 juin 1977, minuit trente. Des nervis de la CFT, syndicat de droite créé par le patronat de l'automobile, et du Sac (Service d'action civique) de chez Citroën agressent le piquet de grève des salariés des VMC (Verreries mécaniques champenoises). Alors que ceux-ci s'opposent au licenciement de Daniel Nouvion et Pierre Mathieu, une banderole est arrachée et Pierre Maître est gazé avec une bombe.
Après avoir été refoulé, le commando revient et tire 19 balles. Bilan : un mort (Pierre Maître) et 2 blessés (Serge Vermeulen et Raymond Richard). La riposte est immédiate. En fin de matinée, des milliers de personnes solidaires manifestent leur désapprobation, en présence du maire et des élus. Le soir même, l'assassin Claude Leconte est arrêté. Trois ans et demi plus tard, il est condamné à 20 ans de réclusion criminelle.
Commémorations
30 ans ont passé. Le syndicat des VMC, les unions locales de Reims, l'UD, le CR et l'Institut régional d'histoire social CGT souhaitent commémorer l'assassinat de Pierre Maître et faire connaître cette tragédie aux plus jeunes. Ils ont prévu une exposition de 15 panneaux ainsi qu'un montage vidéo de 15-20 minutes constitué de photos d'époque et de documents loués à l'Institut national audiovisuel. Pour deux euros, on pourra acquérir un livret de 36 pages qui relate les faits au travers d'archives, de photos, de textes syndicaux, d'articles de presse, et du témoignage de Charles Juilliart, présent au moment des faits.
Vendredi 1er juin à 9 heures, les militants CGT se réuniront en assemblée générale à la maison des syndicats. Au programme : rappel des événements du 5 juin 1977, présentation de l'exposition, du montage vidéo et du livret.
Mardi 5 juin à 17 heures, une cérémonie commémorative est organisée devant les Verreries, 41, rue Pierre-Maître, en présence de la famille et de personnalités.
Mercredi 6 juin à la médiathèque cathédrale : à 17 h 30, inauguration de l'exposition « 5 juin 1977-5 juin 2007 » et projection du montage audiovisuel. A 18 h 30, colloque avec la participation de responsables nationaux, d'acteurs locaux et de militants syndicaux d'hier et d'aujourd'hui.
Harcèlement moral
Thème des commémorations : « Face aux agressions contre le pouvoir d'achat, l'emploi, le droit au travail ». Car Jackie Perlot, secrétaire de l'union locale CGT de Reims, explique : « Si la répression ne se traduit plus par des assassinats, elle prend la forme de harcèlement moral et peut conduire au suicide ». Depuis le premier janvier, l'entité Vmc n'existe plus. Elle a fusionné dans un groupe industriel nommé OI Illinois qui appartient à des fonds de pension américains. La CGT craint pour l'avenir de l'entreprise et ses 157 salariés, qui étaient encore 1825 en 1977.