Merci à Delucq
Mensonge par omission ? Évidemment, la libération des infirmières bulgares, dans la mesure où elle a été négociée par la France, s'est faite sans contrepartie scabreuse ! Du pur humanisme, de la générosité bien de chez nous ! Qui oserait croire celà ?
Le contrat de 168 millions sur des armes antichars annoncé avec fracas par la Libye est une coïncidence, assurément, qui préserve la rhétorique présidentielle et gouvernementale. En effet, un tel marché, sur des produits aussi sensibles que des armes destinées à un État à la réputation sulfureuse ne se négocie pas en quelques jours. Des contacts devaient exister depuis longtemps. Le président de la République ne pouvait pas ne pas être au courant. Pas moins que le gouvernement allemand car, comble de l'hypocrisie, c'est le franco-allemand EADS qui remporte la mise. Donc, aucun lien direct et immédiat entre la libération des Bulgares et les missiles : la morale est sauve...
L'argent n'a vraiment pas d'odeur. Pas celui des missiles qui permettront à l'armée libyenne, que personne ne menace, de parader. Ni celui du pétrole car jamais on n'aurait fait un telle faveur au colonel Kadhafi si son pays ne regorgeait d'or noir, à une époque de pénurie annoncée.
Alors, on est prêt à tout. Prêt à accepter que des infirmières innocentes aient été prises en otage, puisqu'il faut bien appeler un chat un chat, comme au temps des pirates barbares. Prêt à oublier l'attentat du Ténéré (170 morts en 1989, en majorité des Français) et celui de Lockerbie en 1988 (270 morts). Parce que le colonel Kadhafi se serait repenti et qu'il faut lui assurer une rentrée honorable sur la scène politique mondiale, principalement africaine ?
C'était déjà le raisonnement d'un George W. Bush,l'autre grand homme épris de morale, en levant l'embargo sur la Libye. Les Européens, et la Sarkozy en particulier, n'avaient donc qu'à suivre un chemin déjà tracé. En tout bien et en tout honneur, avec le pétrole pour eau bénite assurant l'absolution...
La realpolitick avec ses morceaux de cynisme domine le monde. On n'y peut rien. Toutefois, certains devraient s'interroger. Le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, autrefois chantre de l'action humanitaire, était-il au courant de ces tractations ? Le «french doctor» n'a pas sa place chez les marchands de canons.