Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

LE MIRACLE

Voiçi la troisième partie du manuscrit écrit par le soldat allemand Vandelow qui a combattu à Banogne pendant la 1ère guere accompagnant la lettre publiée par Azurcom le 3 novembre dernier 

 

c4399a2fea7a704dc49de3ec238a7c86.jpg

Tournant mes yeux de ce coté,j’aperçois une espèce de cortège faisant le tour de la place,en chantant une litanie.  

Un enterrement peut-etre ?Non plutot une procession de première communion.Je finis,en effet par distinguer un pretre suivi par une vintaine d’enfants et tout ce petit gvroupe se dirige vers l’église.Cédant à un mouvement de curiosité je me décide à m’y rendre à mon tour très content de quitter la rue ensoleillée pour un endroit plus frais où j’entendrai peut-etre un petit discours en bon français.Cela me changera un peu des horribles patois qui ont écorchés mes oreilles,dans tous les villages entre Lille et Metz.

A mon entée dans l’église,je la trouvais toute pleine de monde,la fete ayant lieu pour plusieurs paroisses réunies.Sur les premières banquettes se tenaient les communiants,les garçons en noir,et,les fillettes tout en blanc,avec gants et des souliers convenables.Mon Dieu ! comment leurs parents assis derrière eux étaient-ils parvenus à les attifer encore aussi bien que cela après quatre années d’occupation ? Tout le fond de la nef était occupé par des soldats catholiques allemands,toujours fort assidus à la messe française,les dimanches où il n’y avait pas de service religieux militaire. On voyait surtout les obusiers bavarois,aux visages durs taillés comme dans du bois de chenes et des « finouies » (Polonais de la Haute Silésie) faisant partie d’un bataillon de sapeurs.Ca et là seulement,se tenaient des grenadiers et des fusilliers de notre division qui se recrutaient surtout dans les provinces protestantes de la Prusse. A peine plus grands que leurs camarades de la ligne,les superbes gaillards des anciennes classes étaient ensevelis depuis longtemps dans les steppes de la Lithuanie et sous la neige des Carpathes.Ils s’en distinguaient tout de meme,à part la lisière salie du col et des manches,par un je-ne-sais-quoi de plus fier et plus résolu dans leur maintien et par les lignes profondes que la fatigue avait creusée dans leurs jeunes visages.

Voilà plus de treize mois en effet qu’ils ne sortaient plus des tranchées que pour etre jetés vers quelque point plus critique encore.De vrai repos,ils n’avaient pour la plupart jamais gouté depuis le départ de la caserne à Berlin et,ne s’en soucient d’ailleurs pas beaucoup,vu les exerçices et les inspections dont on avait soin de les accabler à peine sorti du front,afin de leur faire désirer comme une faveur le retour aux tranchées.

Mais voiçi le pretre qui ,les cérémonies d’usage terminées,vient se placer devant l’autel pour prononçer une petite allocution.C’est un homme assez jeune,d’un type brun au teint olivatre fréquent dans le pays.Il parle posèment,sans emphase,d’une voix bien timbrée qui se hausse et se baisse suivant le rythme naturel de la langue de France. Le regard vif de ses yeux noirs,après avoir parcouru l’assistance civile se pose finalement sur moi,relevant visiblement les insignes de grade,et,reconnaissant peut-etre à l’expression attentive du visage,l’homme instruit,sachant le français et probablement seul capable d’apprécier l’élégance sobre de sa parole au milieu de cette foule de memes paysans et de soldats ignares. Dans son sermon,il fait allusion aux conjonctures difficiles dans lesquelles a lieu cette fete .

Mais voiçi qu’il baisse son regard ,tout en continuant de préciser de sa voix la plus calme….A Suivre

Commentaires

  • Bonjour Jean-Pierre,

    Merci pour cette publication que je découvre et lis avec intérêt. Vous savez entretenir le suspense en choisissant vos coupes.
    Le soldat Vandelow au vu des indications semble avoir été un officier.
    @+ pour la suite
    Chrsitophe

Les commentaires sont fermés.