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LA CROISSANCE OUBLIEE

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L'avant-dernier livre de Patrick Artus, un des économistes français les plus respectés, était intitulé : " Le capitalisme est en train de s'autodétruire ". Son dernier livre porte un titre prémonitoire : " les Incendiaires ". Les " incendiaires " en question sont les banquiers centraux. Il doit vraiment y avoir quelque chose de pourri dans notre système pour que Joseph Stiglitz, prix Nobel américain d'économie, ose, lui, titrer son dernier un ouvrage " Quand le capitalisme perd la tête ".

 Ces constats de Michel Rocard sont d’un autre niveau que les incantations du Chef de l’Etat français et plus encore les déclarations d’ajustements conjoncturelles sur la croissance de son Ministre de l’Economie et des Finances.

Son analyse est encore plus pessimiste quand il évoque l’immensité de la dette fédérale américaine qu’il accuse d’être au cœur du problème. Ce passage d'un équilibre à un déséquilibre massif, généralisé, tient au changement de la répartition du produit national brut, entre les " salaires " (salaires et revenus de protection versés par la Sécurité sociale) et les " profits " (bénéfices industriels, honoraires des professions libérales, rémunérations "directes" sur le marché). Ce mouvement est très sensible en France mais on l'observe aussi aux Etats-Unis et dans l'ensemble des pays européens, y compris les pays de l'Est rejoints à toute allure par le capitalisme.
 En gros, les salaires sont passés de 71% du PIB en 1981, selon Michel Rocard, à seulement 60% en 2005. Près de 11 points de chute !
Aujourd'hui, en France, si le produit intérieur brut avait conservé le même partage qu'en 1981, les ménages, selon Rocard, auraient dépensé en salaires et revenus de Sécurité sociale 130 milliards d'euros de plus. Affectés à la consommation, ces 130 milliards auraient donné au moins 1 point de plus de croissance chaque année. Et nous aurions eu en France un demi million de chômeurs de moins. Le capitalisme a perdu la tête en cherchant par n’importe quel moyen à accroître ses profits sans se soucier qu’il détruisait les salariés productifs et surtout consommateurs des biens et services qu’il faut vendre pour justement survivre. C’est le serpent qui se mord la queue ! A partir du moment où l’on ne prend en compte que la satisfaction de l’actionnaire on tue celles et ceux qui lui permettent de l’obtenir. Ainsi s’engage une course sans fin pour diminuer la part des " salaires " dans les charges des entreprises… en allant chercher ailleurs la même productivité dans un contexte social non contrôlé !

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