Contrôle d'identité
Rarement un débat aura été engagé sous d'aussi mauvais auspices. Dominée par les vociférations et les anathèmes, étouffée par la méfiance et les préjugés, l'atmosphère de l'Assemblée nationale pendant la discussion sur l'identité nationale a raconté l'échec moral d'un processus qui dès le départ a tiré la parole vers le bas.
Nous assistons à un festival de considérations plus caricaturales les unes que les autres. Les passions l'ont définitivement emporté, balayant d'emblée tout espoir d'une réflexion contradictoire mais pacifique. Un désastre.
Il suffit de lire l'abondant courrier des lecteurs adressé à l'éditorialiste des DNA pour mesurer la violence, voire la haine, que soulèvent les questions de l'immigration. Comme si l'ouverture des fenêtres du pays à une discussion noble et peut-être essentielle ne parvenait qu'à déchaîner l'agressivité et à stimuler les divisions. Certes, il fallait en parler mais à quelques mois des régionales et dans le contexte déstabilisant d'une crise historique, cette initiative ne pouvait que devenir l'otage du choc des démagogies, des peurs et des intérêts électoraux. Le mal est fait.Ne rentrons pas dans ce jeu ,ne débattons pas!
Hier, le président a tenté de calmer le jeu en faisant,avec les mots d'Henri Guaino une fois de plus, un éloge chaleureux de la France métissée. Hélas, les avertissements parallèles du chef de l'État contre une pratique ostentatoire de l'islam ont inévitablement suscité un certain malaise. Il a traduit une crainte diffuse qui jette le soupçon sur les intentions de la deuxième religion de France. Et sur son statut dans l'inconscient de la République. Ne serait-elle qu'une invitée de la France ? Les Français immigrés devraient-ils en permanence donner des gages de leur assimilation ? Serait-ce le prix à payer pour être des citoyens « comme les autres » selon la formule de Nicolas Sarkozy ?