Après dix-sept jours de grève d'une partie des facteurs, le conflit de la poste Nice-Thiers - qui dessert le secteur 06 000 - a donc fait hier matin une entrée fracassante dans l'enceinte du Palais de Justice : ce dernier était placé sous haute protection policière afin de parer à d'éventuels débordements de la part de la soixantaine de préposés ayant assisté à l'examen des deux référés déposés par les syndicats et la direction. Pour autant, tout s'est déroulé dans le calme.
Le premier référé, déposé par la CFDT, la CGT et SUD, devrait logiquement permettre à la juge Bernadette Rivière-Caston, vice-présidente du TGI, de dire qui, de La Poste ou des grévistes, a raison. Sachant que le conflit, déclenché le 22 décembre, porte sur la réorganisation des tournées, connue sous le nom de « facteurs d'avenir ».
Pour le conseil de l'intersyndicale, Me Charles Ciccolini, « La Poste a dénoncé le précédent accord, du 16 août 2006, sans convoquer les syndicats à une négociation dans les trois mois qui ont suivi cette dénonciation, le 11 septembre 2008 ». L'avocat s'étonne même : « L'invitation de La Poste à la discussion est du 4 septembre 2009 », soit deux mois et demi avant l'entrée en vigueur de « facteurs d'avenir », ce fameux 22 décembre. Et de conclure : « L'employeur n'a jamais voulu mettre en place de négociations ! »
Accrochage entre la juge et l'avocat de La Poste
La situation ainsi dénoncée étonne la juge : « Pourtant, la situation est bloquée aujourd'hui. La solution, quelle est-elle ? » demande-t-elle aux deux parties. Seul, Christian Artins, de la CFDT, s'avance : « Nous, la négociation, on l'attend depuis trois semaines... » Et Mme Rivière-Caston de rétorquer, tout sourire : « Tout peut changer, on est en 2010... »
Pour la direction de La Poste, Me Alexis Mancilla bouillonne : « Nous n'avons pas ici à discuter du fond du dossier, vous n'aurez rien de moi ! » On frise l'incident : « Modérez vos propos, Maître, c'est moi qui ai posé des questions ! » tranche le magistrat. Le conseil de La Poste répond alors à son adversaire : « La convocation des syndicats à une nouvelle négociation se fait à la demande de l'une des parties. Or, les syndicats ne l'ont jamais demandée officiellement. De même, ils auraient pu saisir le juge des référés... Mais depuis le début, ils font la politique de la chaise vide ! »
Jugement mardi 12 janvier. En attendant, la grève et les négociations se poursuivent.
Francis Lumineau