La raison principale de la pauvreté d’Haïti est le paiement d’un dette monstrueuse payée depuis 1835 aux propriétaires français d’esclaves en “compensation” de leur affranchissement.
Il a donc fallu attendre 175 ans et un tremblement de terre meurtrier pour qu’un chef d’État français daigne mettre fin à ce scandale, sans oublier de se donner le beau rôle.
La juxtaposition fortuite de cette nouvelle et de la divulgation des bonus de BNP Paribas est assez instructive et permet d’évaluer l’ordre de grandeur du geste : cette dette qui étranglait Haïtï depuis des lustres ne représente même pas le tiers de ce qu’une seule banque française peut se permettre de lâcher à ses 4000 traders en un an…
A ce compte-là, on se demande comment sur terre des gens peuvent encore mourir de faim…
La BNP était depuis 1982 une banque publique. Puis Balladur, grand fossoyeur du secteur public devant l'eternel, la privatisa en 1993. En 2000, fusion avec la banque d’affair(ist)es Paribas. Enfin, suite à la fusion de l’an dernier avec la belge Fortis qui avait auparavant racheté la luxembourgeoise BGL, on peut désormais retrouver les armoiries verdoyantes de BNP-Paribas dans la plupart des villages du Luxembourg, ce paradis absolument pas fiscal !
Mais ce n’est pas tout : si on lit cet excellent billet, on s’aperçoit que le chiffre de 500 millions de bonus n’est en fait qu’une avance, 500 autres millions étant provisionnés pour être distribués ultérieurement. Le but est de cacher la véritable somme aux yeux de l’opinion publique qui n’a pas les traders en odeur de sainteté.
Ce qui nous fait la modique somme moyenne de 250 000 euros par trader (une vingtaine d’années de SMIC).
Les actionnaires, eux, se partageront environ 2 milliards, excusez du peu… Quant à la piétaille des salariés “ordinaires” (genre secrétaires, informaticiens, comptables…), qui sont environ 40 000, la direction leur attribuera environ 1500 euros chacun. On a le sens des valeurs, chez BNP…
Ah, j’oubliais, la BNP n’est pas chienne : dans un élan de générosité exceptionnel, et telle la rombière qui dépose une pièce jaune dans la gamelle d’un mendiant en prenant un air à la fois supérieur et dégoûté, BNP offre une obole d’1 million d’euros pour Haïti. Le bonus de quatre traders.
Oh, vraiment, madame BNP, vous êtes trop bonne, fallait pas…