Avec la mort soudaine du président polonais, le concours international des pleureuses est lancé. C'est à qui fera la plus belle homélie, le plus bel hommage. Dans deux jours, le monde entier sera convaincu que la Pologne vient de perdre une figure inestimable, que l'humanité aura du mal à se remettre de la perte d'un tel bienfaiteur. Heureusement, dans 4 jours, tout le monde l'aura oublié, et ladite humanité pourra continuer à vivre. Parce que, c'est bien beau toutes ces louanges, mais de qui parle-t-on vraiment ? Qui était réellement Lech KaczynskiKaczynski, si ce n'est un gros réactionnaire homophobe qui n'a en rien amélioré le quotidien des polonais, bien au contraire.
Certes, il était considéré comme foncièrement honnête, voire compétent, mais il ne faudrait peut-être pas oublier qu'il était porteur d'idées pour le moins conservatrices, voire nauséabondes. Avant 2005, alors qu'il était maire de Varsovie, il a réprimé a plusieurs reprises des manifestations homosexuelles. Depuis son élection en 2005, il s'est ouvertement déclaré partisan de la peine de mort, et en tant que président s'est toujours opposé à la légalisation de l'avortement.
Ce n'est pas tout. La Pologne fut à ma connaissance un des rares pays à avoir eu pendant 2 ans (2005 à 2007) un président et un premier ministre qui étaient frères jumeaux. Une cohabitation familiale en quelque sorte, mais surtout une drôle de conception de la démocratie. A eux deux, ils ont prôné une politique ultra-libérale et ouvertement pro-américaine, du moins pro Bush. Enfin, c'est surtout le projet de loi de "lustration" qui avait beaucoup fait parler des jumeaux. Cette loi visait à obliger tous les intellectuels ayant collaboré de près ou de loin avec le communisme à le déclarer. Ainsi fichés, certains pouvaient aller jusqu'à perdre leur emploi. Quand on sait que pour l'immense majorité des citoyens il était impossible de faire autrement que de collaborer, on comprend mieux le caractère inique de ce projet, qui heureusement a en grande partie été invalidé par la cour constitutionnelle polonaise.
Alors, oui, c'est une nouvelle tragique, pour les tenants du libéralisme et les défenseurs d'une conception catholique de la morale. Pour le reste, la tolérance, l'ouverture d'esprit et les libertés individuelles ne s'en portent pas plus mal.