Chaque jour apporte son lot de révélations sur la manière dont les autorités fédérales, tant sous Bush que sous Obama, ont aidé et même incité BP et toute l'industrie pétrolière à négliger les précautions de sécurité et environnementales qui auraient pu empêcher ce désastre.
Dilem
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Parmi les dernières révélations, on compte :
- En 2000, le Service des ressources minières (MMS) a requis un avis de l'industrie sur des problèmes liés aux dalles utilisées autour des bouches des puits de haute mer pour empêcher les éruptions de pétrole. L'industrie pétrolière n'a effectué aucune recommandation, et aucune règlementation n'a été mise en place.
- Une étude de 2002, menée par le MMS a révélé que des éléments essentiels des dispositifs destinés à empêcher les éruptions sur les plates-formes ne fonctionnaient pas. Dans des tests en laboratoire menés sur les systèmes qui coupent les tuyaux après une éruption, la moitié des modèles d'un constructeur n'ont pas fonctionné. Sept autres constructeurs ont refusé de faire passer le test à leur système.
- Une étude commandée en 2004 par le MMS a élevé de sérieux doutes sur la possibilité de ces équipements de fonctionner par les pressions qui régnaient au fond de l'océan. Aucun barème n'a été établi.
- Deepwater Horizon n'avait pas d' « interrupteur acoustique », un système de secours permettant de déclencher le blocage des éruptions en cas d'explosion. L'industrie pétrolière américaine a trouvé le prix de ces systèmes (500 000 dollars) trop élevés et la MMS ne les a pas rendus obligatoires, alors qu'ils le sont en Norvège et au Brésil.
- Le nombre d'inspections des sites de forage menées par le MMS a diminué de 41 pour cent entre 2005 et 2009, alors même que le nombre de plates-formes opérant dans les eaux américaines augmentait. Le nombre de pénalités infligées par le MMS pour des violations de ses règlements est tombé de 66 en 2000 à 20 l'année dernière.
- En juin 2009, le MMS a dispensé BP de la publication d'un rapport d'impact environnemental pourtant exigé par la loi concernant le site que Deepwater Horizon allait exploiter. Obama avait pourtant été averti par la NOAA (Administration nationale des océans et de l'atmosphère) que les études du MMS approuvant les forages en haute mer n'étaient pas fiables.
Ces décisions ont directement entraîné la mort des 11 travailleurs à bord de Deepwater Horizon et la catastrophe environnementale dans le Golfe. Les travailleurs tués dans l'explosion de BP ne sont que les victimes les plus récentes. D'après les données du Forum international des autorités de régulation, entre 2004 et 2009, les travailleurs des plates-formes pétrolières américaines avaient quatre fois plus de risques d'être tués et 23 pour cent de plus de risque d'être blessé que les travailleurs en Europe. Alors qu'il y a eu 5 accidents de « pertes de contrôle du puit » sur des plates-formes américaines en 2007-2008, dans cinq autres grands pays du forage off-shore – le Royaume-Uni, la Norvège, l'Australie et le Canada - il n'y en a eu aucun.
Depuis 2001, il y a eu 69 morts, 1349 blessés et 858 feux ou explosions de plates-formes rien qu'en comptant celles opérant dans le Golfe du Mexique, selon l'Association internationale des entreprises de forage.
Les liens incestueux entre le MMS et l'industrie pétrolière n'ont pas cessé après l'élection d'Obama. Obama était en fait le principal bénéficiaire des "employee donations" de BP durant la campagne de 2008, l'entreprise a mobilisé des dizaines de millions de dollars pour une campagne de lobbying massive avec l'appui de gens influents à Washington comme le faiseur de rois du parti Démocrate John Podesta, l'ex-dirigeant de la majorité démocrate à la Chambre des députés Thomas Daschle et l'ex sénateur républicain Alan Simpson (un membre essentiel du comité bipartisan sur le Budget créé par Obama). Le directeur actuel de la CIA Leon Panetta a également servi BP dans son « Conseil de recommandations externe ».
Quelques semaines seulement avant le désastre du Golfe, Obama a fait un cadeau indéniable aux compagnies pétrolières en déclarant son intention de rendre de grandes portions de la côte américaine accessibles aux forages pétroliers. L'explosion de Deepwater Horizon est la conséquence de décennies de « déréglementation » où on a proclamé que le « libre marché » était le plus efficace quand il se réglementait lui-même. À partir de la fin des années 1970, le gouvernement américain, qu'il soit démocrate ou républicain, a oeuvré à systématiquement éliminer toutes les contraintes pesant sur les profits des entreprises.
Le résultat en a été désastreux pour la population des États-Unis et du monde. Des entreprises contrôlant de vastes ressources sociales prennent les décisions affectant des millions de gens sur la base du profit qu'elles peuvent en tirer. Travaillant en étroite collaboration avec les « autorités de réglementation » qui ne sont guère plus que des succursales possédées entièrement par l'industrie, l’élite des entreprises élimine tous les obstacles qui réduisent son profit et ceux des actionnaires, qu’il s’agisse de la protection de l'environnement, de celle des consommateurs ou celle des travailleurs - comme l'a prouvé toute une série d'accidents mortels récents sur les lieux de travail.
Dans toutes les industries, l'histoire est la même – que ce soit les mines, la production automobile, les transports, les télécommunications et, bien sûr, la finance. En fait, l'éruption de pétrole toxique au fond de la mer a son pendant dans l'éruption de produits financiers toxiques qui a déclenché la crise financière de 2008. Sous la direction du gouvernement Obama, les gouvernements de tous les pays ont répondu au désastre en renflouant les responsables – l'élite financière – et en laissant la classe ouvrière payer la note. Dans ce sens, la crise du Golfe et la crise grecque sont liées par un système économique et social commun.
Les avoirs de BP, Transocean, Halliburton et de leurs dirigeants – des centaines de milliards de dollars – doivent être pris et utilisés pour les besoins des habitants du Golfe et pour mettre en place un programme de nettoyage environnemental de grande ampleur. Les dirigeants et les régulateurs dont les choix ont causé ce désastre devraient être poursuivis en justice.
L'emprise des élites entrepreneuriales et financières sur la société et ses ressources doit être brisée. Cela exige la réalisation d'un programme socialiste de production d'énergie. Les grandes corporations énergétiques doivent être reprises et converties en services publics, contrôlées démocratiquement par la classe ouvrière dans l'intérêt des besoins sociaux.