PARIS (Reuters) -
Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a apporté son soutien vendredi au gendarme mis en examen pour la mort d'un jeune gitan en juillet dernier dans le Loir-et-Cher.
Son intervention a provoqué l'ire du Syndicat de la magistrature et de l'avocat de la famille du jeune homme.
La mort de Luigi Duquenet, aux abords d'un barrage de gendarmerie le 16 juillet, avait provoqué une flambée de violences dans le village voisin de Saint-Aignan.
Plusieurs dizaines de gens du voyage avaient détruit des commerces, coupé des arbres et brûlé des voitures, une déflagration qui avait amené Nicolas Sarkozy à convoquer une réunion à l'Elysée pour évoquer les "problèmes" posés par "certains gens du voyage".
Cela avait marqué la première étape du tour de vis sécuritaire estival du chef de l'Etat.
Le gendarme, qui plaide la légitime défense, a été mis en examen pour coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Il a "dû faire face (...) à une situation extrêmement dangereuse pour sa vie", estime dans un communiqué le ministre de l'Intérieur.
"Je tiens à manifester publiquement mon soutien moral et matériel à ce militaire aujourd'hui dans l'épreuve, à sa famille ainsi qu'à ses 97.000 camarades de la gendarmerie nationale", poursuit Brice Hortefeux.
Pour le syndicat de la magistrature (SM), en manifestant son soutien au gendarme mis en examen "Brice Hortefeux instille dans les esprits l'idée selon laquelle cette décision (de justice) serait illégitime".
Dans une lettre ouverte adressée à la ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie, le SM rappelle que Brice Hortefeux n'en est pas à ses premiers commentaires sur le fonctionnement de la justice et suggère, avec ironie, à la ministre de lui "faire parvenir une demande d'intégration dans la magistrature".
Pour Me Jean-Claude Guidicelli, avocat de la famille de Luigi Duquenet, le ministre de l'Intérieur "défend un dossier sensible, devenu un dossier politique et sur lequel il s'appuie pour délivrer un discours sécuritaire à l'encontre des roms".
"Le port d'une arme ne donne pas le droit de tuer", dit-il.
Dans son communiqué, Brice Hortefeux précise que le gendarme mis en examen bénéficiera "de la protection juridique que l'Etat garantit à ses agents en pareilles circonstances".
Mourad Guichard et Laure Bretton