Julien Lauprêtre, 83 ans, incarne l'histoire du Secours populaire, qu'il a rejoint en 1954, avec en tête les mots du résistant Missiak Manouchian. Arrêté à 17 ans, en 1943, pour action clandestine, il partage la cellule de l'homme de l'Affiche rouge. « Il faudra que tu continues à lutter contre l'injustice », lui dit alors le résistant arménien.
Julien Lauprêtre tiendra parole, transformant l'association communiste en mouvement indépendant qui compte aujourd'hui 80 000 bénévoles, un million de donateurs, deux millions de bénéficiaires...
Le grand tournant remonte à 1959. Sans attendre le feu vert du Parti, le jeune secrétaire général fonce au secours des victimes du barrage de Malpasset, près de Fréjus. Dès lors, il n'aura de cesse de renforcer l'indépendance du Secours populaire, condition pour pouvoir aiguillonner les gouvernements, ou encore négocier, avec de grands groupes industriels, les moyens d'affronter aujourd'hui ce qu'il appelle le raz-de-marée de la misère.
Dernière figure historique de la solidarité, il sait qu'on le compare parfois à l'Abbé Pierre. Soutane en moins. Ça l'amuse. Il le prend bien. Cet athée a pacifié depuis longtemps les rapports avec le Secours catholique. Il a même fait retirer le mot laïc des textes.
Le gavroche parisien, toujours adhérent du PC, n'a qu'un ennemi, la misère. Contre laquelle il entend résister, jusqu'au bout, fidèle aux valeurs du Conseil national de la Résistance. Il cite Lucie Aubrac qui parlait de créer de nouvelles résistances. Et dit : « C'est ça la grande idée. Résister à la misère, sur le terrain ».