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LA MONTAGNE ET LA SOURIS

 

Hier soir , rentrant de réunion je  n’avais pas envie de  faire un billet  mais les mots sont venus tout seul  . En relisant les résultats de 6 mois de cogitations sarkozyste intense, je me suis dit que tout le monde allait titrer “Tout ça pour ça”, que la blogo-twittosphère allait se gausser méchamment… Et c’est exactement ce qui s’est produit : même les plus larbinomorphes de toute la presse laissent percer un sentiment de déception.

Qu’aurais-je pu ajouter à ce concert ? Dire “Foutaise” et “Foutage de gueule” ? Voilà, c’est fait !

En plus, tous les bons titres étaient déjà pris. “Fillon garde Sarkozy”, ça c’est tapé !

Je ne cacherai tout de même pas ma joie à l’annonce du départ de Christian Estrosi, qui avait certes depuis longtemps atteint son seuil d’incompétence. Depuis le CM2, disent les mauvaises langues. En tout cas sa présence à un quelconque ministère était tellement improbable que même Nostradamus n’en avait jamais parlé.

Difficile aussi de retenir un ricanement à la vue du troupeau de traîtres ambitieux qui avaient cru entrevoir la gloire en acceptant par avance le déshonneur de servir un gouvernement sarkozyste. Un ratage total, qui était couru d’avance. Mais souvent l’ambition voile la lucidité. Pour ne parler que de Kouchner, ce mondain pédant, qui a fait connaître en filigrane sa frustration de n’avoir été qu’une potiche pendant 3 ans, je ne vois plus que la retraite pour lui. Il expliquera à ses petits enfants que c’était lui, là, sur la photo, Obama, tout fier d’être à côté de Kouchner..

A propos de potiches, c’est aussi la faillite : en vidant Rama Yade et Fadela Amara, Sarkozy tombe le masque : tous ces gadgets marketing, l’ouverture, les “ministres issus de la diversité”, tout ça n’était que du vent, de la poussière marketing destinée à faire causer les journaleux. Et  ça a bien marché !

Depuis hier soir, tout le monde regrette déjà Rama Yade, et se fend de regrets déchirants : “elle a payé pour sa liberté de parole… “. Hé, ho ! Après avoir fait mine de croire qu’elle servait à quelque chose, on ne voudrait tout de même pas nous la vendre comme une rebelle ! C’est quand même une bourgeoise des beaux quartiers, une création de l’UMP ! Certes plus marrante, plus charismatique et plus agréable à regarder que Christine Boutin, mais de là à la confondre avec Louise Michel…

Et Borloo ? On va pas faire un roman là-dessus, non ? L’histoire banale d’un type qui s’est monté le bourrichon jusqu’à être persuadé qu’il allait être premier ministre, et sans s’être demandé une seconde si’il en avait le plus petit début de capacité et de légitimité. Quoi ? Il incarnait le social ? Le richissime avocat d’affaires de Tapie, qui est encore intervenu récemment auprès de Sarkozy pour que son client récupère un magot de 245 millions d’euros sur le dos de l’Etat… Un bourgeois qui comme l’a souligné Fillon, habite dans un hôtel particulier du XVIème… Il est où, le social ? Quant à l’écologie, laissez moi rire ! On savait depuis le début que c’était le dernier souci de Sarkozy. Le  “Grenelle” en est la preuve éclatante. Borloo a juste amusé la galerie, comme les autres.

Borloo est passé, le Grenelle a vécu, les chantiers d’autoroute ont repris. Rideau.

Colombo n’a pas été nommé premier ministre. Et on s’en moque. Même si on pressent qu’au niveau rigolade, on a dû passer à côté de queque chose de potentiellement grandiose.

Quant à son acolyte Morin, pas une larme non plus ! Et comme le montage de bourrichon semble être la caractéristique la mieux partagée chez les centristes, Morin, le roi des falots, se voit déjà… candidat en 2012 ! Ha Ha, trente secondes, je me gausse. Ou plutôt trente minutes, il faudra bien ça. On prétend que Borloo abusait de la bouteille. S’agissant de Morin, pour avoir des idées à ce point déconnectées de la réalité, je suspecte l’usage de psychotropes autrement plus dévastateurs…

Quand on cherche bien, on trouve pourtant des perles, dans ce gouvernement. Tenez, Michel Mercier. Personne ne le connaît. Moi non plus, d’ailleurs. Mais du coté Lyon, où il cumulait tout un stock de fromages locaux, tout le monde le connaissait comme le type qui avait fait construire une quatre voies pour relier Lyon à sa bicoque sise à Thizy, dans la lointaine campagne. Un notable, quoi. Le type dont tu ne sais pas quelle idée il a pu un jour avoir, mais que tu retrouves à grenouiller un peu partout. Bien connu pour être célèbre. Enfin, à Lyon. Et surtout, son rond de serviette dans tous les 3 étoiles de la région, et dieu sait  qu’ils sont nombreux. Et c’est même sûrement ça le but : se goberger aux frais de la princesse, avoir une voiture qui fait pompon, et parler avec des gens qui vous croient important. Et ça ne va pas s’arranger : ministre de la justice, dis donc. Sauf que le poste a déjà été occupé par Rachida Dati, ce qui démythifie totalement le truc…

D’ailleurs la justice a su se montrer clémente, car comme par un de ces hasards extraordinaires que seul le sarkozysme autorise (comme le vol quasi-simultané de l’ordinateur des jouranlistes qui enquêtent sur l’afffaire Woerth-Bettencourt), Michel Mercier a justement aujourd’hui bénéficié d’un classement sans suite dans une affaire douteuse d’irrégularité dans la passation d’un marché public qui dépendait de lui…

On ne peut pas parler de bonnes nouvelles sans parler de l’éjection de Woerth. Le plus étonnant, c’est tout de même que ce sinistre individu ait réussi à se maintenir en place, et à faire voter sa  réforme pourrie, en évitant à sa tête de finir en haut d’une fourche ! Sarkozy a réussi à l’amener jusqu’au bout, alors qu’il aurait dû le sortir à coups de pompes dans l’arrière-train dès les premières révélations de ses impairs.

Et pour jeter un voile comique sur son départ, l’ineffable Roselyne Bachelot a réussi à lui pondre un hommage d’un comique achevé, sur un ton que l’on réserve en général aux cadavres à peine refroidis. Cette Bachelot, qui reste évidemment en place malgré son erreur d’un facteur de 20 dans le calcul des vaccins contre la Grippe A, a un talent et un auditoire qui lui assurent une évidente reconversion après 2012 : animatrice dans une maison de retraite. Pour les patients les plus grabataires, naturellement, ceux qui ne se rendent plus compte de rien. Et qui votent donc Sarkozy.

Bon, il n’y a pas que des bonnes nouvelles, évidemment. On perd Estrosi et Woerth, tant mieux, mais on retrouve Xavier Bertrand… Point commun avec Bachelot, il a lui aussi fait une passation de pouvoir ridicule avec Woerth, avec cette phrase définitive : “C’est un grand ministre du Travail qui quitte ce ministère aujourd’hui”. Grand, oui, comme on le voit sur la photo, une bonne quinzaine de centimètres de plus que lui…

Xavier Bertrand est en quelque sorte la mère de tous les perroquerts d’élevage. Le père, que je n’ose qualifier de spirituel, de Benjamain Lancar. Il remplace Woerth. Mais il a beau être aussi doucereux et mielleux que l’autre est sec et cassant, c’est simplement une autre facette de la même clique. Bertrand est de notoriété publique franc comme un âne qui recule. Quand il dit que quelque chose est faux, c’est quasiment une preuve de véracité.  Rappelez-vous l’accord financier entre Chirac, l’UMP et la mairie de Paris. Des balivernes pour Bertrand… qui le signait quelques jours plus tard.

C’est une opinion personnelle, évidemment, mais je trouve que ce Bertrand est le personnage le plus insupportable de toute la politique française, même sans connaître ses idées. Et quand on les connaît, c’est pire. Le genre de type qui donne envie de jeter sa télé par la fenêtre. Heureusement, on se retient au dernier moment en pensant qu’on va être obligé d’en acheter une autre chez Darty, et qu’on va engraisser Jean Sarkozy. Ben voilà, il est de retour. Bonne chance à tous.

Allez, un petit mot sur Juppé, pour finir… Ce pauvre garçon, prétendument le meilleur d’entre eux, fait décidément pitié. Après avoir été le premier ministre le plus impopulaire de la 5ème république, que même Edith Cresson c’était l’Abbé Pierre à côté, il croit toujours, comme Fabius d’ailleurs, qu’un grand destin l’attend. Ce qui l’a finalement décidé d’accepter un poste de laquais sarkozyste, cautionnant le retour dans l’Otan, la présence abracadabrantesque de la France en Afghanistan, et les cadavres des soldats qui laissent leur peu pour rien là-bas.

C’est sûrement l’espoir chimérique de ce grand destin qui l’a finalement décidé à “monter dans le Titanic”, comme il le disait il y a quelques jours encore. Et puis la peur de la défaite face à la rue, qui fut très forte, est aujourd’hui passée. Pauvre Juppé : il va faire un petit tour d’un an et demi, avant de terminer piteusement sa carrière dans la débâcle sarkozyste de 2012. Courageux, mais pas téméraire, il cumule son poste de ministre avec celui de maire de Bordeaux. La bouffonnerie ultime, le dicrédit total de la politique. Juppé clame pourtant son ambition : “empêcher la gauche de gagner en 2012”.  Quelle noblesse ! En tout cas la “gauche” doit bien se marrer !

Bon, je n’ai plus trop le courage de vous parler des autres entrants, dont pour la plupart on se fout éperdument, et qui ont pour principal pouint commun d’être de petis ambitieux serviles qui se sont trompé de wagon.

Et Patrick Ollier, Monsieur MAM, comme on dit  saviez-vous qu’il aimait les OGM et leur lobbies ?

Bref, je n’ai qu’une envie, c’est terminer ce billet : à quoi bon aller chercher un angle d’analyse, du “genre : les centristes sont punis”… Mais on s’en moque, des centristes ! Ce qui compte, c’est que ce sont les mêmes, qui vont faire la même politique, avec le même Sarkozy à leur tête et qui décidera pour eux.

Plus qu’un seul mot à dire, ou plutôt deux: “vivement 2012 !”, qu’on en finisse avec ce ramassis d’incapables et de nuisibles. A nous de faire en sorte que les choses s’arrangent.

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