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KATALINSKI:MORT D'UNE LEGENDE

Publié ce vendredi par NICE-MATIN

 

 
Katalinski dans l’une de ses montées rageuses... (Photo NM)
  

Josip Katalinski est mort, à 63 ans. le matin du jeudi 8 juin, dans un hôpital de Sarajevo en Bosnie où il avait été conduit en urgence, le cancer du poumon a eu raison d’une légende du football niçois et de l’ex-Yougoslavie. Une force de la nature. Un joueur qui, avec son compère Nenad Bjekovic, a marqué toute une époque.

Un temps où le Gym faisait rêver les foules. Katalinski, avec ses célèbres moustaches, était arrivé à l’OGC Nice durant l’été 1975. International, il venait de Sarajevo, sacré meilleur joueur de Yougoslavie l’année précédente. Le Gym du président Roger Loeillet s’était offert une équipe de gala. Alors que les Verts de Saint-Etienne grimpaient vers le toit de l’Europe, l’OGC Nice, au printemps 76, fut privé du titre pour une main non sifflée de Christian Lopez dans la surface au Ray. Ce soir-là, dit-on, la porte du vestiaire niçois reçut le soulier de Katalinski en pleine face. Jamais elle ne s’en remit... Et pour l’OGC Nice, l’occasion d’un sacre en première division, 35 ans plus tard, ne s’est jamais représentée une seule fois.

« Un dur au cœur tendre »

Josip Katalinski, Croate de Bosnie, aimait les cigarillos, les cafés turcs, le tarot, et se rendait fièrement à l’entraînement dans son coupé Mercedes. « Vous m’apprenez la terrible nouvelle, je suis très triste. C’est une partie de ma vie qui s’en va. Ces derniers temps, avec les anciens, on le voyait moins », témoigne Roger Jouve, son coéquipier de la grande époque.

Katalinski a passé ses dernières années à Sarajevo, où il était directeur sportif des équipes nationales jusqu’aux 19 ans. « Skija (son surnom pour l’éternité) avait l’apparence d’un dur, mais il avait un cœur tendre. C’était un garçon attachant. Il s’était très rapidement senti dans la peau d’un vrai Niçois ». À la fin de sa carrière, survenue en 1978 à cause d’un genou meurtri, Josip Katalinski avait évolué en Corpo dans les rangs de la Serel. Il avait acquis un hôtel de Juan-les-Pins, avenue des Sables, « Le Petit Castel », qu’il avait revendu quelques années après, pour reprendre une affaire à Hyères. La vie ne l’avait pas épargné. Après son divorce (d’une Niçoise) il était retourné au pays. C’est alors qu’éclata la guerre des Balkans, où il perdit l’un de ses deux frères. Il conserva des attaches azuréennes, ses amis, comme Eric Goiran (AS Cannes) et un pied-à-terre dans le Var où son fils, Adrian, handballeur, est devenu entraîneur à La Crau. Infinie tristesse : Josip Katalinski perdit sa fille Laura, emportée soudainement à l’âge de 18 ans.

Coups de canon

Sur le terrain, Josip Katalinski évoluait libéro. Dire qu’il en imposait relève du parfait euphémisme. « De toute ma carrière, je ne me souviens pas avoir joué derrière un joueur dégageant une telle autorité », témoigne Dominique Baratelli, le gardien des cages des belles années. « Josip était grand, fort, très bon de la tête, avec une très grosse détente. Quand il montait sur les corners, ce sont les défenseurs qui tremblaient ». Mais Katalinski était surtout connu pour sa frappe de mule... « A l’entraînement, quand Josip s’entraînait au coup-franc, personne ne voulait se dévouer pour faire le mur », sourit Roger Jouve. « C’était impressionnant. Avec les ballons actuels, je crois qu’il aurait tiré les coups-francs du milieu de terrain ».

« Josip était quelqu’un de vrai, entier, qui ne pouvait pas faire semblant », relate Roger Jouve. L’épisode du passage comme entraîneur-joueur de Jean-Marc Guillou (saison 76-77), après la démission du coach Markovic, est resté parmi les bonnes histoires de notre confrère Jean Chaussier : « Jean-Marc Guillou s’était proclamé libéro. Katalinski (passé stoppeur) ne l’avait pas accepté. Il nous l’avait confié dans Nice-Matin.

Selon lui, Guillou n’avait pas le profil du poste. Le lendemain, Skija fut interdit d’entraînement. Il assista à la séance au grillage, son cigarillo « Saratoga » à la bouche ». Deux jours plus tard, Guillou abandonna le costume de coach, repris par Léon Rossi. Cette saison-là, le Gym perdit de sa superbe. Il resta des soirs de grâce, illustrés par la plume inoubliable de Julien Giarrizzi : « Alors, Guillou prit son violon, Katalinski sortit son canon...».

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