2011 sera décidément une année charnière pour le monde arabe. Après les Tunisiens et les Egyptiens, c'est donc maintenant au tour des Libyens de faire tomber leur dictateur, et par n'importe lequel, juste un des plus violents de la planète. Pourtant, rappelons-nous, il y a 6 mois, les choses n'étaient pas si bien engagées que cela : après avoir pris Benghazi, la seconde ville du pays et commencer une marche sur la capitale, les forces de Khadafi avaient repris le dessus, et il avait alors de grandes chances de mater la rébellion. Sauf que les forces de l'Otan sont intervenues militairement, bombardant les endroits stratégiques.
L'histoire des relations entre Sarkozy et le régime libyen n'a pas commencé ce printemps, mais bien avant, dès le début du mandat sarkozyste en fait. Et à la lecture du passé, les éloges d'aujourd'hui paraissent un peu ternis. Quelques petits rappels pour ceux qui auraient la mémoire qui flanche :
- En juillet 2007, la France oeuvre ardemment à la libération d'infirmières bulgares retenues depuis 8 ans par le règime. C'est l'épouse d'alors du président français qui intervient personnellement, sauf que la France accepte sans l'avouer officiellement (du moins dans un premier temps) de nombreuses contreparties, dont la construction d'un réacteur nucléaire et la vente d'armes (voir ici).
- De cet épisode des infirmières bulgares pourrait découler, même si cela a toujours était démenti par l'Etat français, la reprise des relations avec l'Etat Libyen. D'où la visite de Mouamar Khadafi en décembre 2007, dans ce qui restera comme l'un des épisodes les plus humiliants de la diplomatie française (Ici ou Là).
- La diligence de la France à intervenir en Libye a certainement une origine : rattraper le fiasco des révolutions tunisiennes et égyptiennes ou la France a non seulement été à la ramasse, mais où des ministres d'importance se sont exhibés avec des proches du pouvoir, au mauvais moment (Là ou encore là). Elle a aussi un but : lancer la campagne électorale de Nicolas Sarkozy (ici).