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60 MILLIONS D'OTAGES

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Ah ! qu'ils sont bien rodés les éléments de langage de ces ministres et gens de droite qui viennent porter la bonne parole élyséenne dans toutes les bonnes émissions de télé ou de radio ! Les agents de sûreté des aéroports ne seraient rien d'autre que des preneurs d'otages parce qu'ils osent empêcher ces bons Français qui ont travaillé toute l'année, et ont bien mérité de prendre quelques vacances, de prendre l'avion.

Passons sur l'ignominie de l'expression "preneurs d'otages". Ceux qui la prononcent ne doivent pas vraiment savoir ce qu'est réellement une prise d'otage. Passons encore sur "ces Français qui partent en vacances", qui ne sont qu'une infime minorité à avoir les moyens de se payer des vacances nécessitant de prendre l'avion. Au passage, une minorité aisée, dont font justement partie les journalistes, ce qui expliquerait que l'on nous abreuve à profusion de cet évènement tous les jours (à lire sur ce sujet le billet de Daniel Schneidermann sur Arrêt sur images).

Passons sur tout cela pour revenir sur l'essentiel, à savoir les vraies prises de position du gouvernement que tentent de masquer les éléments de langage. De la part de Sarkozy et ses serviteurs zélés, il n'est aucunement question de défendre l'intérêt commun qui serait de pouvoir partir en vacances. Non, ces messieurs dames profitent de l'occasion pour s'attaquer une fois de plus à un des acquis fondamentaux des luttes sociales du XXème siècle et que la droite et le patronat n'ont eu de cesse de combattre : le droit de grève.

Car enfin, qui sont ces agents de sûreté que l'on accuse de prise d'otage ? Des pauvres bougres qui effectuent un travail primordial pour notre sécurité dans les avions, dans des conditions de travail déplorable et pour des salaires de misère. Ce sont des ouvriers, des petites gens qu'encore une fois on stigmatise. Alors qu'en face, il y a un patronat, qui comme de bien entendu, s'en met plein les poches et s'assied allègrement sur le droit du travail, puisque s'il y a conflit aujourd'hui, c'est parce qu'il a refusé d'ouvrir des négociations en temps et en heure, comme la loi le lui impose pourtant.

A-t-on entendu le gouvernement vociférer contre ces patrons ? Non évidemment ! Et il serait bien malvenu pour lui de le faire, puisque ces entreprises de sûreté effectuent une mission régalienne de l'Etat, que celui-ci a choisi de ne plus assumer pour des raisons économiques et politiciennes : il lui fallait libérer les gendarmes et policiers effectuant ces tâches pour les remettre sur le terrain et pallier les suppressions de postes qui commencent à se faire criantes.

Quelle ironie du sort ! Voilà un gouvernement qui remet des policiers et des gendarmes pour empêcher les employés qui les remplacent, et font leur mission à leur place, de faire grève. Nous avons bien là une nouvelle illustration d'un pouvoir et surtout d'une logique politico-économique absurde qui marche sur la tête.

Il ne faut pas tomber dans le panneau de la division des Français entre eux que nous tend Sarkozy et ses sbires. La grève des agents de sûreté est légitime, si elle a lieu pendant les vacances scolaires c'est parce qu'à ce moment-là le rapport de force plaide pour eux. Ils ont donc bien raison de ne pas baisser pavillon. Et tant pis pour ceux qui ne peuvent pas prendre l'avion, il n'y a pas d'omelettes sans oeufs cassés.

 
 
 
 

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