La Fondation Abbé Pierre publie son 18e rapport annuel vendredi 1er février. 59 ans, jour pour jour, après l'appel de l'Abbé Pierre.
3,6 millions de personnes non ou très mal logées
Pas de domicile, difficulté à le conserver quand on en a un, mauvaises conditions d'habitat... la Fondation Abbé Pierre rappelle dans son 18e rapport annuel que la situation est à la fois urgente et structurelle. "Les demandes d'hébergement reçues au 115 ont enregistré une hausse de 37% en novembre 2012 par rapport à novembre 2011", écrivent ses auteurs, précisant que "2012 a été difficile". "L'hébergement est sous pression", disent-ils, "et ne parvient pas à sortir d'une gestion saisonnière indexée sur la température."
133.000 personnes sans domiciles
Parmi elles 33.000 dorment dans des lieux non prévus pour l'habitation (cave, cage d'escalier, chantier, parking, centre commercial, grotte, tente, métro, gare) ou dans des centres d'hébergement d'urgence. 66.000 sont accueillis dans des établissements sociaux de longs séjours et 34.000 dans des dispositifs temporaires. Le dernier recensement de la population en 2006 a établi à 14.600 personnes le nombre de sans-abri, contre 9.000 en 1999.
411.000 personnes hébergées chez des tiers
Que ce soit des personnes entre 25 et 60 ans qui n'ont pas les moyens d'être indépendants et non aucun lien de parentés avec la personne qui les héberge (79.000), des enfants ou petit-enfants qui reviennent au domicile parental pour une raison autre que la fin des études (282.000), ou des personnes de plus de 60 ans, elles sont tous hébergées de façon contrainte, estime la fondation. Ces chiffres datent de 2002, et "de nombreuses alertes montrent que le phénomène a pris une réelle ampleur ces dix dernières années".
15.498 places en hôtel
"L'hôtel apparaît de plus en plus comme une situation de dernier recours pour assurer l'accueil d'urgence des personnes privées de domicile", écrivent les auteurs du rapport. 15.498 places fin 2011, contre 13.948 places fin 2010, et cela sans compter les places mises à disposition par les collectivités locales. L'essentiel se situe en Île-de-France (plus de 12.000), le reste en Rhône-Alpes, Lorraine et Picardie. Ces chambres d'un confort limité, servent à 90% à des personnes seules. "Cette solution apparaît très insatisfaisante pour les familles", explique la fondation, et elle est coûteuse : l'Etat y a consacré 95 millions d'euros en 2011, représentant 43% des dépenses d'hébergement d'urgence, "alors qu'elle devait être réduite à 25%".
Pour 3 Français sur 4, difficile de se loger
"Le situation est particulièrement dramatique pour les ménages les plus modestes, les isolés, les jeunes en difficulté d'insertion, les femmes avec enfants disposant de faibles ressources", explique la fondation Abbé Pierre... "Mais elle est aussi devenue complexe pour de nombreux ménages insérés socialement et économiquement". Discriminations dans l'accès au logement, demande qui a progressé de 43% en dix ans, témoignant d'une déconnexion forte entre les niveaux de loyer dans le parc privé et les ressources des ménages. Selon l'association, "le marché du logement fonctionne comme une véritable centrifugeuse qui sélectionne les candidats les plus solvables et refoule les autres vers les réponses apportées par la puissance publique. Notamment vers un parc HLM qui n'est pas calibré pour répondre à l'ensemble des besoins".
D'aprés LE NOUVEL OBS