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LA DERIVE

38d8997837539e9dd3ae48c6ca224a0c.jpgLe Parti de gauche part à la dérive. Lors de son congrès, Pierre Moscovici a d'abord été traité de "salopard", puis il y a cette formule de Jean-Luc Mélenchon : Moscovici " pense finance internationale". Certains ont parlé d'antisémitisme : non, Méluche est immunisé contre ce travers criminel. Mais que le vocable employé soit d'extrême droite, c'est évident : la référence à une pensée "française" qui serait corrompue par la "finance internationale", c'est le langage des nationalistes depuis plus d'un siècle. Comment Mélenchon et son parti ont-il pu en arriver là ? Je vois quatre raisons à ce tragique mystère :

1- Les membres et dirigeants du Parti de gauche sont d'anciens socialistes qui veulent à tout prix faire oublier leur passé et ce qu'ils ont été. Mélenchon est resté trente ans au PS, a été un ministre discipliné. Les uns et les autres veulent aujourd'hui rattraper le temps perdu en se lançant dans une fuite en avant, se racheter par des excès de langage, en brûlant ce qu'ils ont autrefois adoré. Il y a de la haine de soi dans cette dérive politique, un puissant désir de revanche idéologique.

2- La radicalisation à gauche a toujours eu un moteur principal : la haine du Parti Socialiste, que Jean-Luc Mélenchon traduit sur tous les tons. Historiquement, c'est le réflexe de l'extrémisme de gauche, que Mélenchon a adopté. Les socialistes sont associés à des traîtres qui finissent, à ses yeux, par devenir pire que la droite.

3- La virulence du Parti de gauche s'explique aussi par sa concurrence avec le PCF, parti plus fort et plus construit que lui, à qui Jean-Luc Mélenchon ne cesse de vouloir donner des leçons d'opposition, comme si les communistes étaient trop timorés. Ce petit jeu du "plus à gauche que moi tu meurs" est bien connu . Entre PG et PC, il continue à faire des ravages : pour obtenir des places et garder le leadership, Mélenchon est condamné à prouver qu'il est le meilleur opposant, celui qui va le plus loin dans la dénonciation du gouvernement.

4- Enfin, on peut penser que Jean-Luc Mélenchon est piégé par son combat volontairement frontal avec l'extrême droite, qu'il a voulu exclusif et spectaculaire, mais qui a en quelque sorte déteint sur lui. Il y a des duels où l'on finit par ressembler à l'adversaire à force de se battre sur le même terrain. En tout cas, le Moscovici  qui "pense finance internationale" aurait parfaitement pu sortir de la bouche de Marine Le Pen.

Nous n'avons pas affaire à un "dérapage", mot à la mode qui ne veut rien dire. Mélenchon est un lettré, idéologiquement charpenté, qui connaît sa rhétorique, qui maîtrise parfaitement le langage, qui assume et théorise ses outrances. Il n'est donc pas victime d'un lapsus, d'un coup de fatigue ou d'un coup de nerf. C'est bien une logique politique implacable qui le conduit à accoster sur des rivages dangereux.

 Néanmoins il faut une  clarification entre PS et PC qui pourra enclencher une dynamique de la victoire. J'en reste, plus que jamais, à ma stratégie d'alliances défendue depuis plusieurs années : des listes socialistes ouvertes notamment au PCF, car je ne confonds pas celui-ci, sincère  sérieux et responsable, avec les égarements du Parti de gauche, des ex-socialistes transformés en anti-socialistes trés primaires. 

Commentaires

  • A un détail prêt : Mélenchon n'a jamais dit que Moscovici "pense finance internationale", mais "pense dans la langue de la finance internationale", et ce dans un contexte argumenté qui fait que son intervention a une portée bien moins dramatique que celle que les médias ont bien voulu relayer. Il y a un enregistrement de cette conversation fait par Politis qui le démontre.

    Il faut arrêter de tapper sur le Front de Gauche : leur critique systématique ne mérite pas que l'on s'y attarde, et nous devons à tout moment et à tout prix préserver les conditions d'une possible union de la Gauche. Sans cette union, la dérive centriste du PS se consommera. Nous devons être exemplaires, unitaires pour 2, pour 3, pour tout le monde sinon nous perdrons tout !

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