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L'INSULTE PLUTOT QUE L'ARGUMENTAIRE

 Aprés le passage de François Hollande à la télévision j'ai entendu les compte rendus des divers hommes politiques . Pourquoi attendre 24 h alors que les discours sont déja imprimés avant d'écouter le Président de la République . Plutot Le Pen que Hollande semblent dire les extrémistes de droites et de gauche.

La Gauche est toujours  arrivée au pouvoir en période de crise économique , et l’homme le plus insulté de l’Histoire de France fut sans constatation aucune, Léon Blum le « social traître ». Sa nomination à la présidence du Conseil, la plus haute fonction gouvernementale, avait choqué nombre de Français du pays profond. C’est la première fois qu’un juif accède au sommet du pouvoir, la première fois qu’un « marxiste » entre à Matignon, et également la première fois que le chef du gouvernement est " soutenu " par les  communistes  . Et rapidement, les insultes populistes vont pleuvoir, sans aller justement jusqu’au qualificatif de « salopard ».

Sur sa seule personne, Léon Blum cristallise tous les fantasmes d’une frange de l’opinion publique, largement entretenus par la presse d’extrême droite. Blum n’est pas français, c’est le « Juif errant ». Pour Louis de Launay, Blum est « grand maigre, un peu voûté, les yeux vifs regardant volontiers par-dessus son lorgnon, avec le nez busqué et les pommettes de sa race ». Sous la plume d’Henri Béraud c’est le « dromadaire », pour Maurras le « chameau ou chamelle », « la dormeuse parfumée du quai de Bourbon », « le juif névropathe », Marcel Jouhandeau déclare: « Bien que je n’éprouve aucune sympathie personnelle pour M. Hitler, M. Blum m’inspire une bien autrement répugnance . Le Führer est chez lui et maître chez lui, tandis que M. Blum n’est pas de chez nous et, ce qui est le plus fort, M. Blum est maître chez moi et nul Européen ne saura jamais ce que pense, un Asiatique ». Pierre Gaxotte écrit : « D’abord, il est laid. Sur un corps de pantin désarticulé, il promène la tête triste d’une jument palestinienne ».

Lentement, on va passer des médias aux estrades politiques… avec des virages angoissants de l’extrême gauche vers l’extrême droite avec les mêmes formules et les mêmes objectifs : ôter sa légitimité à l’homme, en faisant croire que derrière l’acte politique, les arrières-pensées sont dirigées contre le « peuple ». Tous les moyens sont bons. Surtout le mensonge et l’insulte du genre : « Léon Blum, le socialiste pour salonnards, a un physique qui tient de la chèvre et du lévrier », qui a été proféré par Léon Daudet, dont le parcours, du clan Hugo à celui de l’action française, illustre parfaitement les dérives des années 30. Le socialisme a toujours cristallisé la haine des extrêmes, puisqu’il ne peut que décevoir dans sa volonté de « réformer » plutôt que de « révolutionner ».

Pierre Mendés France en 1954 en savait quelque chose aussi, tellement il a été la cible de qualificatifs honteux qui rappelaient étrangement la période actuelle. Cette habitude détestable devient la recette pour faire parler de soi. L’outrance est un gage de réussite au prétexte qu’elle révèle une franchise courageuse alors qu’elle n’est souvent qu’un artifice pour galvaniser des troupes assoiffées de vengeance. « Savoir raison garder »… un beau principe de moins en moins appliqué, car le débat est devenu impossible dans le contexte actuel, où l’insulte a remplacé l’argumentaire.   

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