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AU THEATRE JEUDI SOIR

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Avez-vous vu jeudi soir à la télé Jean-Luc Mélenchon ? Plus de deux heures d'émission ! Je ne partage plus ses idées trop radicales mais j'ai encore un peu d'estime pour le personnage, sa sincérité, sa force de conviction, sa culture, son lyrisme. Et puis, c'est un homme de gauche, dont les valeurs, les combats, certaines analyses sont assez souvent les miens. Sauf qu'hier, je ne l'ai plus du tout reconnu, je trouve qu'il est allé beaucoup trop loin, je l'ai trouvé inquiétant.

D'abord, il y a ses cris : j'avais l'impression qu'il ne parlait pas mais qu'il hurlait. Dans un meeting, devant une foule, être tonitruant peut produire un bel effet rhétorique. Mais sur un plateau de télévision, non. Pourquoi ce besoin de hausser le ton, d'élever la voix ? On peut tenir des propos radicaux en restant calme. Son corps semblait suivre l'excès de sa parole, se soulevant lui aussi régulièrement, comme s'il avait la danse de Saint Guy. J'ai inévitablement pensé à Georges Marchais, qui roulait pareillement des épaules et des yeux. Et ce n'est pas dans ma bouche un compliment ...

Et puis, il y a sa façon de s'en prendre aux journalistes, tellement outrancière qu'elle en devient idiote. On peut critiquer le système médiatique sans pour autant s'attaquer aux personnes pour un oui pour un non, sur un mot, une expression. L'effet était catastrophique, donnant vraiment le sentiment que Jean-Luc Mélenchon esquivait les questions qu'on lui posait, restait complètement enfermé, muré dans son point de vue, ses certitudes, sans dialogue possible avec lui.

Par moments, son visage faisait presque peur. Ses pointes d'humour étaient parfois compréhensibles que de lui seul, s'amusant à ses propres blagues, ravis de l'image qu'il était en train de donner. Ses répétitions obstinées signalaient un esprit qui raisonne en boucle, imperméable à toute confrontation. Le monde selon Mélenchon est divisé en deux : lui qui a raison et les autres qui ont tort. Il y a quelque chose d'autiste et de régressif dans cette position, qui est celle de la forteresse assiégée, du contestataire professionnel.

Franchement, j'ai trouvé ce mauvais numéro très inquiétant. A plusieurs reprises, j'avais l'impression que Mélenchon jouait un rôle, d'où ces déclamations très théâtrales, virulentes, ces formules creuses et clinquantes, ces gesticulations appuyées. On a l'impression qu'il s'auto-caricature, qu'il force volontairement le trait, frisant à certains moments une forme de grotesque. Je me demande si il n'est pas prisonnier du personnage qu'il s'est inventé, auquel il doit son succès mais qui le conduit à la perdition.

Ce n'est pas tant l'homme qui m'inquiète : en politique, chacun fait ses choix, les assume et suit son destin. Non, ce qui m'inquiète, c'est ce qu'il représente auprès de plusieurs millions d'électeurs qui ont choisi de le suivre. Car même s'il a beau s'en défendre, c'est bien une forme de populisme de gauche qu'incarne Mélenchon (et que je ne confond bien sûr pas avec le populisme d'extrême droite). Mais où va-t-il comme ça ? Il a plusieurs fois évoqué le "rapport de force", comme si c'était la formule magique qui lui permettait d'exister politiquement. Non, jamais Mélenchon et ses amis ne changeront la  politique gouvernementale . Que leur reste-t-il à faire ? Jouer la comédie du grand méchant loup comme l'a fait jeudi soir Jean-Luc Mélenchon. Si j'étais communiste, je m'inquiéterais encore plus que le socialiste que je suis. L'épisode Marchais n'a pas profité au PCF, il a même entraîné son déclin .

 

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