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J'estime Manuel Valls, comme j'estime par principe tout socialiste, car il a su prendre à bras le corps le dossier de l'insécurité, qui est une demande pressante des Français. A ce titre, il a eu raison, et ce n'était pas facile, tant le sujet n'est pas familier à la gauche. Ministre de l'Intérieur, il fait le job, et je me réjouis de sa grande popularité. Mais sur les roms , NON , il en a trop fait et trop dit , et après ses déclarations sur France Inter , il le fait mal. J'ai reproché à Nicolas Sarkozy d'instrumentaliser cette malheureuse population à des fins politiques et démagogiques : je me vois aujourd'hui contraint de faire le même reproche à Valls.

Premier principe : la démocratie, c'est le régime d'opinion. Un responsable politique doit donc être à l'écoute de celle-ci, non pas pour la suivre (c'est ce que faisait Sarkozy) mais pour l'éclairer, la guider (c'est ce que devrait faire Valls). Deuxième principe : une société rencontre mille problèmes, difficultés, souffrances, qui tous ne deviennent pas des sujets de politique, mais quelques-uns seulement, parce que l'homme politique veut leur donner du sens, parce qu'ils sont jugés par lui particulièrement importants. Je le dis clairement : la situation des roms dans notre pays n'exige pas d'en faire un problème politique ; le sens qu'on lui donne est odieux. Je m'explique :

En politique, il faut prendre la mesure des choses. En France, il y a des millions de chômeurs et une crise à régler   : voilà les problème politiques, les dossiers économiques et sociaux à traiter, les solutions à proposer, sur lesquelles la droite et la gauche divergent, pour lesquelles les électeurs sont invités à se prononcer. Mais que représentent, au sein d'une population de 60 millions de personnes, 15 000 roms ? Un peu plus que la ville de Grasse . Alors, remettons les choses à leur juste mesure.

Oui, bien sûr, les élus sont embêtés, les populations sont tracassées. Mais il y a bien d'autres embêtements et tracas dans la vie collective, dont on ne parle pas forcément, qui surtout ne se transforment pas en thèmes politiques. Je souhaite que les difficultés que posent et que rencontrent les roms soient traitées et solutionnées dignement, décemment, professionnellement et discrètement. Que cesse ce cirque médiatique inauguré par Sarkozy et repris aujourd'hui complaisamment par Valls, qui ne profite qu'au Front national !

Car j'en viens maintenant au sens que prennent ces déclarations des uns et des autres à propos des roms. Quand Manuel Valls dit que les roms ne veulent pas s'intégrer, je crois comprendre ce qu'il veut dire : ce sont des populations nomades, dont le mode de vie ne s'accorde pas avec l'existence sédentaire (l'insertion, c'est avoir une maison, un travail). Ces populations viennent de Roumanie, pour trouver chez nous ce qu'elles ne trouvent pas chez elles. Peut-on fondamentalement le leur reprocher, à une époque où nous voulons faire l'Europe, permettre entre autre aux personnes de circuler ? Et puis, la République n'impose pas de modes de vie : elle exige seulement le respect des lois.

Valls n'est pas xénophobe, il n'y a aucun doute là-dessus. Ses propos ne sont pas en soi xénophobes, c'est également certain. Mais la perception, l'interprétation par une partie de la population ne pourra qu'être xénophobe, c'est incontestable. La politique consiste à mesurer les choses, mais aussi les paroles. Valls ne le fait pas, et il fait mal. Notre société, depuis trente ans, depuis la montée de l'extrême droite, est malade de la xénophobie. Tout propos qui nourrit, même involontairement, cette maladie est irresponsable. A l'approche des élections municipales, il est électoralement suicidaire, pour la gauche comme pour la droite, de donner le sentiment de se ranger à l'avis du Front national. Pour ce scrutin, il y aura bien d'autres sujets à débattre, mais surtout pas celui-là, surtout pas les roms ! Arrêtez avec ça !

Il y a d'autres méthodes pour venir en aide à ces personnes avec humilité sans tomber dans le misérabilisme et sans récupération . 

 

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