On ne va pas se mentir : la gauche traverse une passe très difficile. La popularité du président est au plus bas, le gouvernement n'est pas toujours uni, la majorité parlementaire est traversée de soubresauts, le parti socialiste fait parfois cavalier seul, une partie de la gauche est mécontente, les médias sont critiques, les lycéens descendent dans la rue et la Bretagne se révolte. Dans ces conditions, les élections municipales s'annoncent périlleuses.
Quand on est comme moi de gauche depuis toujours et adhérent du parti socialiste depuis 36 ans, on fait quoi, on réagit comment ? C'est très simple : on reste fidèle à ses convictions, on demeure cohérent avec ses choix, on soutient plus que jamais le président, le Premier ministre, le gouvernement et sa politique. Il y aurait quelque chose d'inconvenant, d'indécent à virer de bord, à prendre ses distances, à se montrer critique. Au contraire, la valeur d'un militant est comme celle d'un marin : c'est lorsque se lève la tempête qu'on mesure la persévérance, le courage et la force de caractère des individus. Quand tout va bien, il n'y a aucun mérite à soutenir un gouvernement. Et puis, s'éloigner, critiquer, même pour de bonnes raisons, ne feraient qu'aggraver la situation de la gauche et du pouvoir, ce dont nous n'avons évidemment pas besoin.
Il faut croire que tout socialiste ne pense pas comme moi, puisque la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, animatrice de l'un des courants de l'aile gauche du PS, s'est exprimée publiquement pour demander "un changement de cap et d'équipe" et , un "Grenelle des forces de gauche" afin de "recréer une majorité" qui inclurait le Front de gauche. En bon soldat, je vais répondre point par point à ce franc-tireur qui, en réalité, canarde son propre camp :
1- "Changer de cap" ? c'est-à-dire, ne jouons pas sur les mots, changer de politique, Mais j'ai une explication à la demande de Marie-Noëlle lienemann : je crois que ma camarade n'était déjà pas d'accord avec le cap pris par le parti dans le cadre de la candidature de François Hollande. Elle suggère au gouvernement de "changer de cap" : pour simplifier les choses, je lui suggère de changer de parti.
2- "Changer d'équipe" ? C'est-à-dire, là aussi soyons clairs, procéder à un remaniement ministériel. A cinq mois des élections municipales ? Ce serait une aberration, une pure folie, une imprudence majeure. D'ailleurs, dans l'histoire de la Ve République, on ne l'a jamais vu faire. Après une élection intermédiaire, oui, pourquoi pas : c'est alors le suffrage universel qui commande. Mais avant, non, surtout pas. Marie-Noëlle se laisse impressionner par les sondages et les mécontentements de rue ? Pas moi. Ou alors, j'ai une autre explication à son extravagante proposition : cette nouvelle équipe qu'elle appelle de ses voeux, ne songerait-elle pas à en faire partie ? Ok, il y a de la malice dans mon hypothèse. Mais ce ne serait pas non plus la première fois qu'on verrait ce genre d'intention.
3- Un "Grenelle des forces de gauche" ? A chaque fois qu'un politique n'a rien à dire, il nous sort le coup du Grenelle de quelque chose. Les accords de Grenelle, c'était en mai 68 des négociations entre le gouvernement, les syndicats et les patrons : je ne vois pas le rapport avec aujourd'hui un rapprochement des partis de gauche ! Lienemann, par une analogie inappropriée, est complètement à côté de la plaque. Elle souhaite que la majorité s'ouvre au Front de gauche, à travers "un nouveau pacte". C'est bien gentil, mais la sénatrice a-t-elle écouté, depuis des mois et des mois, les propos de Jean-Luc Mélenchon, qui pense et dit pis que pendre de la politique du gouvernement ? Alors, un peu de sérieux avant de dire n'importe quoi ...
Il faut tenir bon, et se projeter dans l'avenir. Plus que jamais, être socialiste et fidèle à ses engagements. Pour le reste, c'est le peuple qui jugera .
Pour les prochaines municipales je ne soutiendrai pas une liste , dont de possibles éligibles tiendraient publiquement de tels propos .