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SORTIR OU PAS DU CONTEXTE

 

Paris Match -

Abonné à la chaîne cryptée, je regarde parfois les Guignols, mais j'avoue que je ne connaissais pas l'émission Le Supplément, dont l'invité était dimanche François Hollande

 

 J'ai donc regardé, parce que Hollande y était,  A ma connaissance, c'est la première fois en France qu'un chef de l'Etat participe à ce genre d'émission, non sans risque d'ailleurs. Je trouve que François Hollande s'en est bien tiré, alors que c'était très casse-gueule.

A-t-il eu raison d'y aller ? Si  j'ai bien compris l'intérêt de participer au Supplément : n'était pour informer ou débattre, mais pour communiquer, c'est-à-dire soigner son image. De ce point de vue, c'était très réussi. La communication fait partie intégrante de l'action politique : donc François Hollande a eu raison. Il s'est parfaitement adapté, en utilisant un ton badin, alternant en quelques secondes la gravité et l'humour. Quand il a haussé la voix contre le Front national, j'ai applaudi.

Comme toujours, le virus de la polémique aigüe a frappé : on a reproché au président de la République d'avoir comparé le FN d'aujourd'hui au PCF des années 70. C'est fou comme certains commentaires peuvent être malhonnêtes, tronqués ! Hollande répondait à une question sur une énigme : pourquoi des électeurs de gauche, souvent depuis des décennies, votent-ils maintenant à l'extrême droite ? La réponse de Hollande est tout à fait pertinente : c'est parce que le FN récupère un discours de gauche, antilibéral, qui était celui du PCF dans les années 70. Ce qui a changé au FN, ce n'est pas la ligne idéologique, toujours autant xénophobe, nationaliste et autoritaire : non, c'est la ligne économique, qui sous Jean-Marie Le Pen défendait les classes moyennes, le capitalisme populaire, soutenait Thatcher et Reagan, dénonçait le fiscalisme et l'étatisme. Avec Marine Le Pen, il y a eu sur tous ces points un renversement total (qui est d'ailleurs dans la tradition populiste de l'extrême droite).

Ce qu'il y a d'amusant, c'est que ceux qui demandent des excuses à François Hollande  n'avaient pas ronchonné quand Mélenchon  avait dit  "Madame Le Pen récite des morceaux entiers de notre programme (de la gauche). Leur ligne, c'est d'occuper l'espace politique de la gauche", car "l'espace politique de la gauche, c'est le peuple" et "le problème de la droite, c'est le peuple"

François Hollande a bien pris soin, une fois ce rapprochement effectué, de distinguer le FN et le PCF, en soulignant que la grande différence était que le PCF, lui, ne faisait la chasse ni aux immigrés, ni aux pauvres. Si Hollande avait voulu vraiment être malveillant envers les communistes, il aurait rappelé cette veille de Noël 1980, à quelques mois de la présidentielle : la destruction au bulldozer d'un foyer d'immigrés, que le maire communiste de Vitry, Paul Marcieca, ne voulait plus recevoir dans sa commune. J'ai toujours estimé que c'était un acte isolé, le PCF étant un parti internationaliste, pas xénophobe. Mais l'effet politique, à l'époque, a été désastreux. Qu'on n'accuse donc pas Hollande : il n'y a encore une fois rien d'injurieux à l'égard de nos camarades communistes que de constater que le FN détourne, manipule et pervertit certaines de leurs idées .

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