Au Tricastin, il aura fallu une bonne dizaine d'heures avant que l'entreprise privée effectue les démarches officielles d'alerte. De quoi s'interroger sur les dangers de la privatisation de la filière énergétique et surtout nucléaire. Les interventions doivent être conduites dans les meilleurs délais sur un site déjà inquiétant. En effet, plus le temps passe, plus le nombre de fûts corrodés et éventrés augmente, plus augmentent les risques de pollution du sol et des eaux souterraines, le nombre de personnes exposées aux rayonnements émis par le tumulus et les risques de contamination par inhalation. Il ne faut pas compter sur la diminution de la radioactivité avec le temps : l'uranium 238 a une période physique de 4,5 milliards d'années et l'uranium 235 de 700 millions d'années ! Cela fait plus de 30 ans que ces déchets toxiques, tant sur le plan radioactif que chimique, ont été enfouis dans le sol. Ce dysfonctionnement perdure en toute impunité, en violation des principes fondamentaux de gestion des déchets, principes censés garantir la préservation de l'environnement et la protection sanitaire des travailleurs et du public.
Il est choquant de constater que ni l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), ni les ministères concernés n'ont exigé de mise en conformité, et qu'ils continuent au contraire d'accorder aux exploitants de nouvelles autorisations pour augmenter les productions, les stockages et construire de nouvelles installations. Le traitement des pollutions passées et le confinement des déchets toxiques devraient constituer un préalable.
Le statut d'installation secrète est là pour préserver des informations à caractère militaire, pas pour servir de couverture à des pratiques choquantes ou pour permettre à AREVA et au CEA de faire des économies sur la gestion de leurs déchets. Par ailleurs, plusieurs responsables sont intervenus dans le cadre de la CIGEET pour affirmer que le« transfèrement » des déchets avait été envisagé... puis écarté. On ne sait si le motif de l'abandon du projet était le souci de limiter les coûts, ou des problèmes liés à la dangerosité des déchets. Aucune de ces explications ne justifie l'inaction. La situation ne peut en effet qu'empirer, et si les exploitants ne financent pas le traitement du problème tant qu'ils sont solvables, dans 50 ou 100 ans, ce sera à la collectivité de le faire... ou d'en subir les conséquences environnementales et sanitaires. Remarquez, on trouvera bien d'ici là des sondages... sur les Français et l'environnement. En attendant, vous aurez un second EPR et surtout vous vous demanderez d'où viennent les cancers. La cause est pourtant claire : le profit. Rien que le profit. Toujours le profit !