L’ISOLEMENT UNE FACTEUR REDOUTABLE D’EXCLUSION
Au cours d'un dernier séjour dans un village de 150 habitants j'ai constaté que l'isolement des personnes agées et des jeunes était un facteur important d'exclusion
Contrairement à ce que colporte l’opinion dominante, l’exclusion est infiniment plus insupportable à la campagne que dans une banlieue aussi difficile soit-elle. En effet, les services de proximité existent dans tous les quartiers dits sensibles alors qu'en campagne, ils se situent à quelques dizaines de kilomètres.L’isolement constitue l’un des facteurs les plus redoutables car il favorise le repli sur soi et donc l’aggravation de la situation personnelle. Comment peut-on socialiser à nouveau quelqu’un qui se trouve loin des lieux de vie collective, des espaces professionnels pour son accueil, des personnes ressources potentielles
Impossible de lui proposer sur place des outils ou des ouvertures sur le monde professionnel indispensables pour entrer ou revenir dans la vie active : la distance se révèle un handicap.
Actuellement en milieu rural l’exclusion passe par un nouveau phénomène qui frappe surtout les jeunes : la non possession du permis de conduire. Autrefois, beaucoup d’entre eux, qui n’avaient pas les moyens de financer ce viatique vers la mobilité l’obtenait durant leur service militaire ou national. Désormais, un permis pour véhicules légers et encore plus celui pour le transport en commun ou les poids lourds nécessite un investissement qu’aucun effet d’annonce n’a réussi à diminuer. Faute de permis, le travail est impossible sur des territoires très peu desservis par les transports en commun ou quand ils le sont c’est essentiellement pour les déplacements scolaires. Ce constat s’aggrave surtout pour les jeunes filles qui recherchent des heures de travail cumulées de services aux personnes âgées ou pour les garçons ne pouvant entrer dans le monde de l’entreprise que par l’intérim ou les travaux saisonniers aléatoires. Ensuite, il leur faut avoir les fonds pour acquérir un véhicule en état de marche…
C’est une nouvelle galère qui débute. On est cloué dans son village à attendre par la force des choses l’emploi qui ne viendra jamais.
Inutile de compter sur Internet car les « fameuses zones blanches » ne touchent point les agglomérations mais les communes situées trop loin des centraux téléphoniques. Et, plus on développe la « toile », et plus ceux pour qui elle est inaccessible se trouvent marginalisés. Une commune sans école, ayant une mairie ouverte une ou deux fois par semaine, sans aucun service privé ou public, fabrique tôt ou tard une exclusion toujours lourde à vaincre mais peu intéressante médiatiquement. Il n’y aura pas de tentes sur les pelouses des espaces publics.