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LES VASES COMMUNICANTS

 
    La loi Solidarité et Renouvellement Urbain oblige chaque collectivité, de plus de 1 500 habitants pour l' Ile-de-France et de plus de 3 500 habitants pour les autres régions, à atteindre ce quota de logements sociaux de son parc immobilier sur un délai de 20 ans, dans un objectif de mixité sociale. Or, des villes comme par exemple Neuilly-sur-Seine en Ile-de-France (dont notre cher Président a été maire de 1983 à 2002)ou Antibes rechignent toujours à construire du logement HLM, et continuent ainsi à afficher seulement entre 2,6 % et 5,5 % de logements sociaux. Rares sont les mairies de la majorité présidentielle qui affichent complet en la matière ! 
On ne peut que regretter qu’en préambule à ses propositions Nicolas Sarkozy n’ait pas affiché une volonté réelle d’appliquer tout simplement la loi que ses amis ont tenté par tous les moyens de contourner ou de supprimer ! Actuellement des élus préfèrent faire payer à leurs contribuables le manque à gagner (les villes qui n’ont pas atteints les 20 % sont pénalisées sur la Dotation Globale de Fonctionnement de l’Etat) plutôt que d’accepter des locataires aux revenus moyens. Il ne faut pas se voiler la face : ce n’est pas autre chose qu’un calcul politique car ils répugnent à accueillir des populations réputées de… gauche car dotées de revenus modestes ! Tout le reste n’est qu’écran de fumée ! Nicolas Sarkozy s’est contenté de généralités mais aucune dépêche d’agence de presse ne parle de cet engagement que Ségolène Royal avait porté très fermement.
Le chef de l’Etat n’a pas parlé des attaques brutales ou insidieuses dont sont victimes les maires qui construisent des logements sociaux dans leur commune. Recours au tribunal administratif répétés des voisins ou de collectifs " égoïstes " contre les permis de construire, déclarations fracassantes des oppositions de droite qui tiennent un discours totalement contradictoire avec celui de Nicolas Sarkozy. " On ne veut plus de logements car ils sont pour des cas sociaux. Ils génèrent de la délinquance et la venue d’immigrés…D’ailleurs on ne veut plus de nouveaux habitants car c’est une atteinte à notre cadre de vie. Envoyez les ailleurs ! ". Quel maire qui se bat pour imposer un programme de HLM n’a pas entendu ce type de propos et pire encore ? " La racaille arrive ! ". 
Le meilleur moyen de perdre les élections c’est d’inscrire dans son programme un programme HLM ! C’est une triste réalité mais elle n’a pas échappée au Président de la République car il a tout fait pour éviter de parler de constructions massives obligatoires. C’est subtil mais il a inventé un système consistant à fournir des opportunités locatives en vidant… les appartements ou les maisons actuelles. On prend aux uns pour donner aux autres !
Il a donc décidé de modifier l'attribution des HLM pour en faire profiter les ménages les plus modestes, quitte à faire… déménager les locataires dont les revenus auraient dépassé les plafonds. " Désormais, le dépassement des conditions de ressources se traduira par une hausse à proportion du loyer versé ", a déclaré le chef de l'Etat, en présence de la ministre du Logement Christine Boutin. Un tel examen permettra d'envisager " soit un maintien dans le logement, soit un relogement dans un logement plus adapté au sein du parc social, soit un parcours d'accession à la propriété ", a expliqué le président. " Le parc social doit accueillir en priorité ceux dont les revenus ne leur permettent pas d'être logés dans des conditions décentes par le libre jeu du marché ", a-t-il commenté. " Actuellement, 400.000 logements sociaux sont occupés par des ménages dépassant le plafond de ressources, ce qui équivaut à " quatre années de construction de logements sociaux ", selon M. Sarkozy.
Le simplisme social se révèle être l'ennemi de la justice sociale, surtout quand il est inoculé de force, et d'en haut, à toute une société.
  Sur le papier, pas de quoi crier au loup. Dans la réalité, c'est beaucoup moins évident. Et sous couvert d'équité, la stratégie est peu glorieuse. Et surtout, peu imaginative. En quelques mots, il s'agit de déshabiller Pierre pour habiller Paul. Et tant pis si le malheureux Pierre a construit toute sa vie, ses souvenirs et ses habitudes dans un même appartement qu'il veut évidemment conserver : il n'avait qu'à rester tout en bas de l'échelle des salaires. Il devra comprendre qu'il y a un million et demi de personnes qui attendent qu'il dégage...
 Une telle psychologie faussement moralisatrice est assez consternante, surtout quand elle émane d'hommes politiques qui ne sont pas vraiment dans le besoin, voire, pour certains ministres, régulièrement nourris, logés et blanchis par la République. Parallèle réducteur ? Oui, si tant de candeur outragée ne servait qu'à masquer l'insuffisance récurrente d'une réelle volonté politique pour développer le logement social. Une véritable carence d'État qui, de retards en retards, oblige les HLM à allonger les délais d'attente pour satisfaire les demandes.
 En attendant, on se consolera avec les félicitations du lobby bancaire, satisfait que la distribution des livrets A soit bientôt libérée. Une France de propriétaires est à ce prix, non ?

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