Lorsqu’il y a eu le vif débat sur la privatisation par la gauche et la droite des banques publiques d’antan, on a eu droit aux cris perçants des adeptes de la loi du marché et du profit. « On vous le garantit, la gestion totalement privée de ces entités sera infiniment plus sérieuse, plus efficace, plus utile que celle de l4Etat dont ce n’est pas le rôle ! ». C’est une réalité, on constate en effet que la Caisse des Dépôts après le Crédit Lyonnais a effectué des placements hasardeux et des erreurs graves de gestion. Que ce soit pour la première dans l’affaire des actions EADS ou pour l’autre dans ses aventures américaines, les contribuables ont été obligés de mettre largement la main à la poche (directement ou indirectement) pour compenser des disparitions massives d’actifs.
QUI VA BANQUER?
Le Crédit Lyonnais fut la banque la plus puissante d’Europe. Elle avait le pouvoir de dire oui. Le fleuron de tout le système bancaire français, elle faisait des envieux à n’en plus finir : l’opulence était son image de marque, sa générosité en faisait le dernier salon où trouver un financement, et surtout pour une affaire douteuse.
Et quelques 100 milliards de francs de pertes plus tard, une nouvelle banque privatisée a fait son entrée à la bourse de Paris. Voilà l’histoire du Lyonnais vite résumée à un trou abyssal. Mais derrière, des milliers de salariés meurtris, des contribuables contraints de passer à la caisse par la faute de quelques dirigeants inconséquents, des millions de clients apeurés par la fuite en avant, voyant filer leur argent au grès de la découverte vertigineuse des scandales, jusqu’à l’incendie dévastateur du siège central.
En 1994 le bilan de la banque doit passer après les cessions de 1 500 milliards à 1 000 milliards de francs. Qui trinque ? Le personnel puisqu’en quinze ans, le Crédit lyonnais perd 15 000 emplois. On verra qui paiera à la Société Générale dans quelques mois !