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CAMEMBERT AU LAIT CRU

Pierre_Vautier
Ne faisons aucun triomphalisme mal placé ni la moindre trace d'orgueil vindicatif, mais l'arret de la production de l'usine Lepetit, où le groupe Lactalis fabriquait ses faux camemberts, sonne comme la victoire définitive de la cause du lait cru.
1998-2008. Dix années d'une lutte  menée, avec les producteurs et les fromagers, mais aussi avec les responsables de l'INAO et, surtout, avec les citoyens consommateurs, pour la défense de l'AOC, cette précieuse appellation d'origine contrôlée qui désigne et codifie la spécificité gastronomique française, mais aussi pour la sauvegarde de notre patrimoine agricole et alimentaire, à l'heure où la banalisation néolibérale globalisée parvient à désidentifier chaque jour un peu plus de ce qui fait la France.

Tout a commencé le 14 septembre 1998, avec ce « Aux armes citoyens, le camembert est en danger ».Personne n'imaginait que cette guerre contre un géant de l'industrie agroalimentaire durerait autant et, surtout, que nous la gagnerions aussi totalement, sur le fond, et sur la forme. En effet, 18 septembre 2008, paraissait au journal officiel de la République Française, sous la signature du Premier ministre, un décret confirmant l'obligation de l'usage exclusif du lait cru pour l'élaboration du camembert de Normandie AOC. Huit jours plus tard, le 26 septembre, victime d'une baisse massive des ventes de ses camemberts industriels de la marque Lepetit, Lactalis annonçait l'arret de sa production du site de Saint-Maclou, dans le Calvados. La preuve que lorsque le consommateur est informé comme il se soit, il sait se mobiliser. Cette victoire n'est pas seulement celle de la presse libre, elle est surtout celle du citoyen responsable.
                                      
La révision du cahier des charges de l’AOC « Camembert de Normandie » qui a été approuvée par l’INAO, le 4 juin 2008, met fin à une guerre sans merci au cours de laquelle les groupes industriels ont montré leur vrai visage, convaincus que leur puissance et leur moyens de pression suffiraient à faire basculer l’opinion en leur faveur. C’était sans tenir compte du pouvoir des médias qui se sont emparés à raison de ce débat de société, en mettant sous les feux de la rampe des pratiques d’un autre temps. C’était également ignorer les évolutions de notre société, qui, malgré les contraintes d’un marché de masse en croissance et d’une augmentation des prix galopante, est de plus en plus sensible à la notion de terroirs. Tant mieux ! Que cela serve de leçon à ceux qui tenteraient de mettre la main sur une AOC, ou même, sur un simple fromage traditionnel qui certes n’a pas l’aura et les systèmes de défense d’une AOC, mais bénéficie de l’attachement de nos concitoyens... ! Je pense au Saint-Marcellin ou au Brie... et à tous ces fromages à pâtes molles qui ravissent nos palais en toute saison. Le bon sens est de retour.

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