Quatre ans après sa disparition, ses collections acquises auprès des puces du Paillon, antiquaires et brocanteurs seront vendues aux enchères, vendredi et samedi, sous le marteau du commissaire-priseur Boisgirard. « J'ai essayé de sauvegarder ce patrimoine, faire perdurer ce musée, écrit Paule Laudon, l'une des filles d'Hélène Barale, dans la brochure de cette vente aux enchères. Je n'ai pas réussi. Il faut vendre. Ma mère meurt une deuxième fois. »
Une caverne d'Ali Baba hallucinante
Pour les amateurs de brocante, cette vente, qui se déroulera dans ce restaurant-musée aujourd'hui fermé - seule une aile est toujours exploitée par le petit-fils d'Hélène Barale - représente une occasion d'acheter des pièces issues du patrimoine de l'ancien Comté de Nice. Et la visite des lieux, qui se déroulera jeudi, mérite le coup d'oeil.
En effet, la vaste salle du restaurant a été transformée en une caverne d'Ali Baba hallucinante. Ici, mobilier ancien côtoie cougourdons séchés, bannière d'une bataille de fleurs de 1910, maquettes de carnaval et divers objets hétéroclites qu'Hélène Barale avait l'art et la manière de transformer en objets de décoration.
Comme ces monumentales balances piémontaises détournées en luminaires, une gamme d'alambics de toutes formes, des « perroquets de bar », portemanteaux de bois travaillés, gramophones et phonographes à pavillons d'un temps révolu, soufflet géant ou encore toute une série de baignoires sur pied en cuivre.
Bien sûr, dans ce drôle de musée de l’ambassadrice de la « raïola à la daube », l’art de la table et surtout de la cuisine tient une place royale. Trônent en vedette toute une batterie de casseroles en cuivre, plateaux de socca, mortier à pistou, baratte pour travailler le beurre, machines à trancher le jambon… Et des piles d’assiettes à soupe, tasses à café estampillées « Bar Paulin », nom du restaurant acheté en 1906 par le père d’Hélène Barale, où elle restera toute sa vie.
400 lots à saisirs !
Dans ce bric-à-brac de souvenirs fleurant bon l’ail, le pistou et les senteurs du « païs », Patricia Perrier, clerc de l’étude Boisgirard Provence Côte d’Azur, a passé des journées entières. Pour trier cette montagne d’objets, les rassembler en 400 lots à saisir à tous les prix. Mises de départ : de 80 à 100 e pour le lot d’assiettes à soupe du restaurant Paulin, jusqu’à 2 000 e pour le piano mécanique des frères Nallino, une institution niçoise fondée en 1872…
Ici, tout est à vendre.
Depuis le tableau noir où Hélène Barale écrivait à la craie la liste des plats typiques de ses « merenda » et le bar en bois massif, jusqu’à ses célèbres nappes à petits carreaux rouge et blanc qui feront le bonheur des acquéreurs, épris de culture et de cuisine niçoises.
Article et photo de Nice-Matin du 27 septembre 2010