Les quotidiens relatent une descente de gendarmerie qui s’est déroulée le 19 novembre dernier au collège de Marciac dans le Gers. Selon les journaux 4 gendarmes accompagnés d’un maître-chien auraient fait irruption en pleine salle de classe. Les gendarmes auraient alors promené le chien d’élèves en élèves à la recherche de stupéfiants. Cette intervention traumatisante pour les élèves aurait été précédée d’une autre descente intervenue deux jours plus tôt dans un autre établissement scolaire du Gers à Pavie. La FCPE aurait comptabilisé 23 interventions de la sorte dans ce département depuis le début de l’année 2008. Il s’agit d’une dérive inquiétante des forces de l’ordre. Espérons qu’elle ne soit que le fait d’un encadrement départemental de gendarmerie trop zélé qui doit faire l’objet d’un sévère rappel à l’ordre de sa hiérarchie. Si, au contraire, il s’avérait que ce type d’interventions a eu lieu dans d’autres départements il conviendrait alors de s’inquiéter sérieusement de ce qui n’apparaîtrait plus comme un dérapage mais comme une stratégie coordonnée des pouvoirs publics.
Loin de moi l’idée de minimiser le fait que constitue la généralisation de la consommation de cannabis chez les jeunes. On estime que 10% des jeunes sont des consommateurs réguliers d’herbe ou de shit et un jeune sur deux déclare avoir au moins une fois dans sa vie fumé un joint. Et, c’est justement parce que ce phénomène a pris cette ampleur qu’il ne peut pas être traité par des seuls moyens policiers. Ceux-ci doivent être réservés à la lutte contre le trafic. Pour les consommateurs, une autre logique doit prévaloir, une logique de prévention et de responsabilisation.
Bien évidemment cette question doit nous préoccuper quand il s’agit de mineurs et, à fortiori, de collégiens. Pour autant la stratégie policière est inadaptée. Elle témoigne seulement de la crispation des pouvoirs publics qui tendent à criminaliser systématiquement toute pratique jugée déviante. A l’heure où de très nombreux pays ont dépénalisé la consommation du cannabis et ont adopté une stratégie de médicalisation du phénomène, les événements du Gers sont là pour nous rappeler le retard pris par notre pays pour aborder différemment certaines questions épineuses de société. A tout le moins on aimerait que nos pandores se contentent de procéder à leurs investigations à la porte des établissements scolaires et qu’on évite les descentes musclées au sein des établissements scolaires. Ou, qu’à tout le moins on les réserve pour des cas de violence.
A défaut de ne pas graduer la riposte on court le risque de déconsidérer, en la relativisant, l’intervention policière et de risquer de contribuer ainsi à accroître le fossé entre les jeunes et la police avec à la clé une regrettable augmentation des tensions et des affrontements.
Mais, peut-être, est-ce malheureusement le but recherché…
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