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SEMAINE DE LA SOLIDARITE INTERNATIONAL

 50 ans au secours des autres:hommage à Julien Laupretre 

À 83 ans, Julien Lauprêtre, qui dirige le Secours populaire depuis plus d'un demi-siècle, reste un gavroche révolté et la dernière grande figure de la solidarité en France depuis la disparition de l'abbé Pierre. 

Fils unique d'un cheminot communiste et syndicaliste, le président du Secours populaire, Julien Lauprêtre, né le 26janvier 1926 à Paris, raconte que «l'injustice» a été le «moteur» de son engagement. À 10 ans, JulienLauprêtre part pour la première fois en colonie de vacances à l'Ile de Ré (Charente-Maritime) où il fait la connaissance de sa future femme, Jeannette, mais aussi d'enfants ayant fui l'Allemagne hitlérienne ou l'Espagne de Franco. «Plus tard, je me suis souvenu de ces gosses-là, notamment quand j'ai créé les journées des oubliés des vacances», explique-t-il, avant le32econgrès du Secours populaire français.

En prison avec Manouchian

À 17 ans, avec un père dans la clandestinité, Julien Lauprêtre s'engage aussi dans la Résistance. Fin1943, à Paris, il est «arrêté par des Français», tient-il à rappeler. En prison, il rencontre un homme qui restera un exemple et dont les paroles le hantent toujours: «Petit, moi, je vais être fusillé, toi, tu vas t'en sortir, il faudra que tu continues à lutter contre l'injustice». À sa sortie de prison, l'adolescent réalisera qu'il a côtoyé le grand résistant Missak Manouchian, exécuté avec son groupe, début 1944. «Je ne suis pas un héros mais j'ai vécu avec des héros et je m'en suis sorti», commente-t-il. En 1947, le jeune homme à la solide carrure épouse sa «fiancée du Front populaire» avec laquelle il a quatre enfants. Et en 1955, alors ouvrier miroitier, il accepte de remplacer «pour quelques semaines» le secrétaire général du Secours populaire français, alors souffrant. «À l'époque, ça ressemblait à une punition», s'amuse celui qui préside toujours, cinq décennies plus tard, un mouvement qu'il a façonné. «Le Secours était une des nombreuses coquilles vides que le Parti communiste créait alors». Très vite, avec sa gouaille et sa ténacité de titi parisien, le militant communiste va donner «consistance et indépendance» au Secours populaire en le mettant «au service des plus déshérités», notamment lors de la catastrophe du barrage de Malpasset, près de Fréjus, en 1959. «J'ai toujours pensé qu'il fallait changer la société mais qu'en attendant le grand soir, il fallait aider les gens», explique-t-il. «J'ai tout changé contre l'avis du Parti communiste. S'il n'y avait pas eu cette ligne d'indépendance, il n'y aurait plus de Secours populaire».

Une admiration pour l'abbé Pierre

Au cours d'une vie foisonnante, Julien Lauprêtre a rencontré de nombreux dirigeants français et étrangers mais aussi Jean Cocteau, Louis Aragon ou Melina Mercouri. Président d'une association défendant farouchement la laïcité, il avoue «une admiration particulière» pour l'abbé Pierre. À ceux qui lui parlent âge et succession au SPF, qui compte aujourd'hui un million d'adhérents et deux millions de bénéficiaires réguliers, il répond fermement: «Pour l'instant, c'est encore moi qui a le plus d'idées». L'énergique octogénaire est «révolté par le raz-de-marée de misère» que provoque la crise économique actuelle et fourmille d'initiatives notamment en direction des jeunes et des enfants défavorisés. «Rendre les jeunes, acteurs de leur destin», dit-il, «c'est ma manière à moi de changer la société».

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