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PROGLIO

                      

A entendre le Premier ministre hier, il n'y aurait, dans notre pays de 64 millions d'habitants, qu'un seul homme capable de diriger EDF. Un court-circuit dans la sphère de nos élites aurait-il rendu inaptes tous les autres prétendants à la présidence de la compagnie d'électricité nationale ? Vous ne le croyez pas ? François Fillon, si. Ou alors il fait semblant.
 Le héros, c'est l'antibois Proglio. Un personnage irremplaçable si l'on en croit l'Élysée et Matignon. Alors, ou bien l'exécutif se fiche de nous pour mieux vendre son protégé. Ou bien la France est devenue pauvre en intelligences et son patronat démuni en personnalités exceptionnelles. Après la croisade contre la pensée unique, la promotion du choix unique ? C'est original.
 Il ne s'agit pas, évidemment, de sous-estimer les qualités - hors-normes, c'est exact - de l'ancien patron de Véolia devenu mercredi celui d'EDF. Mais de là à le présenter comme une sorte de messie de l'industrie, unique capitaine imaginable pour conduire l'entreprise au-delà du cap de l'internationalisation, il y a une mesure qui n'a pas été respectée. Qu'importe, puisque cette outrance permet de valider une idée simple : un homme providentiel, ça doit être gratifié par la Nation en valeurs sonnantes et trébuchante.
 Et c'est ainsi qu'en quelques minutes, le salaire du nouveau président d'EDF a été virtuellement augmenté de 40 % par rapport à celui de son prédécesseur. Que voulez-vous, il fallait bien aligner la rémunération de M. Proglio sur le montant des émoluments qu'il recevait dans le privé à la tête de Véolia. CQFD. Allons, mesdames et messieurs, c'est une question de justice...
 Nous avions pourtant pensé que M. Proglio était prêt à donner sa personne à la France pour assurer des fonctions qui font de lui un acteur clé de l'État. C'était naïf. Avant même d'être nommé, l'intéressé a parlé gros sous. Puisqu'on lui interdisait de cumuler les deux présidences Véolia-EDF, pas question de perdre une parti de ses revenus. C'était à prendre ou à laisser, et tant pis si à EDF les salaires sont quasiment gelés ou presque.
 Cette logique a manifestement la bénédiction de la maison Sarkozy. Comme dans le sport business, les transferts dans l'appareil politico-économique se paient cash et cher. Comme le disait M. Fillon, « c'est parfaitement normal ». Oui, il a raison : comment vivre décemment avec moins de 1,1 million d'euros par an ? L'État est tellement à l'aise qu'il peut bien offrir la différence.
 Cette reddition officielle devant une forme de cynisme goinfre mais toujours coquet laisse sans voix. Pour les requins du CAC 40,la morale est définitivement une valeur en baisse. Pas performante.

 

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