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UNE REUNION TUPPERWARE

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  Il ne s'est rien passé, ou si peu.
 La soirée « spéciale président » de TF1 a été un buzz médiatique, un moment intense et drôle sur Twitter - les internautes ironiques s'en sont donné à coeur joie en commentant les échanges en temps réel - mais pas un événement politique. Le scénario était réglé au millimètre - normal - mais les répliques et les postures ont été tellement convenues, tellement prévisibles, qu'elles auraient pu avoir été écrites avant l'émission. Qu'avons-nous appris de nouveau hier soir qui puisse faire avancer la démocratie ? Qu'on peut périr d'ennui en regardant le président de la République faire un numéro promotionnel en prime time.
 Nicolas Sarkozy, pourtant, s'est efforcé de jouer le jeu. Il aime la confrontation et c'est avec un plaisir évident qu'il s'est livré au difficile exercice du dialogue en direct, y compris dans les trop rares instants où il fut musclé. Un grand professionnel, ce qu'on savait déjà. Mais cette spontanéité de circonstance, mêlant naturel et calcul, a soigneusement contourné la vraie franchise qui aurait permis d'offrir aux Français le spectacle d'une relation inédite entre le chef de l'État et les citoyens.
 L'interview de Laurence Ferrari, elle, a tourné court. Des questions certes directes, mais sans relances incisives, n'ont pas amené un Nicolas Sarkozy, rompu à ce genre d'entretien, à dévoiler ses doutes, ses fragilités ou ses interrogations devant les inévitables contradictions du pouvoir. Une vérité absente. Sur l'affaire Proglio, le président a réussi à noyer le poisson en reprenant le thème, développé depuis quelques jours déjà par ses ministres, de la double casquette provisoire du PDG d'EDF-Veolia. Seule la situation des clandestins kurdes lui a permis d'afficher une fermeté de principe... moins facile à mettre en oeuvre, d'ailleurs, qu'il ne l'a affirmé.
 Quant à la formule de «Paroles de Français», elle a montré toutes ses limites en restant cantonnée à un laborieux catalogue de situations personnelles expédiées, en fonction des contraintes du timing, avec un argumentaire gouvernemental mille fois entendu... Un café du commerce amélioré, en moins vivant, animé par un Jean-Pierre Pernaut en monsieur Loyal passant les plats avec un style le plus lisse possible en se gardant bien de jouer les empêcheurs de tourner en rond.
 Pas d'horizon pour un pays en pleine crise, même pas de nouveau roman national pour se substituer à celui de 2007, ruiné par la tourmente économique. Près de deux heures de généralités approximatives et de réponses lénifiantes sous un vernis, très étudié, de fausse intimité. On comprend pourquoi ce genre de réunion Tupperware télévisée est passée de mode depuis longtemps aux États-Unis... Hier soir, le président-vendeur n'a pas vraiment quitté ses nouvelles pantoufles élyséennes.

 

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