Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne.
Je me souviens de Jean-Pierre Chévènement, en 1990. J’avais applaudi à l’époque sa démission pour cause de désaccord avec la (première) guerre du Golfe. Le sujet est cette fois ci moins grave, mais l’écart de position tout aussi important. Chantal Jouanno s’est dite désespérée par l’abandon sine die de la taxe carbone.
Pourquoi reste-t-elle donc au gouvernement ? La secrétaire d’Etat joue la surprise, juste après un remaniement « technique » du gouvernement.
« Je suis désespérée de ce recul, désespérée que ce soit l’écolo-scepticisme qui l’emporte. Je ne suis pas en phase avec cette décision »
« C’était possible de le faire en France (initialement prévu pour le 1er juillet, ndlr) avant de le faire en Europe. C’est ce qu’on avait prévu à l’origine, c’est ce que d’autres pays comme la Suède ont fait ».
Nicolas Sarkozy, dès le 12 mars, avait amorcé ce recul. Jouanno était soit prévenue (et elle joue alors la comédie), soit dans l’ignorance (et alors, à quoi sert-elle ?). Mercredi, le Monarque a confirmé la nouvelle, en la remaniant : il fera la taxe carbone, mais sous réserve d’accord européen. Une promesse qui n’engage qui lui. Une telle taxe nécessite l’accord unanime des 27 Etats membres. La France ne sera pas leader. Elle est d’ailleurs en retard sur la Suède.
L’écologie, comme d’autres sujets (identité, immigration, insécurité, otages, etc) a été utilisée à des fins uniquement électoralistes, sans davantage de conviction que cela, par Nicolas Sarkozy. Le cynisme narcissique de Sarko a fait une victime supplémentaire.
Il faut souligner, enfoncer, exacerbé le cas de Chantal Jouanno. Après tout, elle était conseillère de Nicolas Sarkozy avant de devenir secrétaire d’Etat. Mercredi, Mme Jouanno a tenté de rattraper ses propos de la veille:
« Je connais suffisamment le président de la république pour savoir qu’il ne va pas renoncer. Il a toujours été mon meilleur soutien pour l’écologie. Il défend mes idées, même si elles sont très compliquées »